Culture : créole haïtien et erreurs à ne pas commettre, le Linguiste Renaud Govain fait le point

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Port-au-Prince, le 29 octobre 2018.- Célébration le 28 octobre de la langue créole autour du thème « Tankou tout lang, kreyol gen règ li » (traduction littérale : comme toutes les langues, le créole a ses règles).

Le Linguiste Renaud Govain (photo internet)

Le linguiste Renaud Govain a relaté certaines erreurs que les Haïtiens ont l’habitude de commettre. Ces erreurs s’expliquent notamment par l’absence de volonté de respecter les règles établies en la matière car, les « Haïtiens sont fortement influencés par un élan de refuser les éléments culturels qui nous appartiennent ».

 

L’une des erreurs les plus fréquentes est l’emploi des propositions du français au créole. Par exemple, le mauvais emploi de « avek » dans l’expression « Mwen ap pale avek … », traduisant l’idée que les deux (2) personnes parlent en même temps est une erreur fréquente. Certaines personnes refusent d’utiliser la proposition «  ak » et dire « Mwen ap pale ak… », a expliqué Renaud Govain.

 

Ce dernier a, par ailleurs, rejeté les allégations faisant croire que certaines erreurs sont dues au fait que la langue créole n’est pas assez riche lexicalement. « Aucune langue n’est ni trop pauvre ni trop riche. Elle exprime les émotions et réalités de l’existant. La langue étant un outil de conceptualisation des réalités du monde, de présentation et de représentation », a-t-il soutenu.

 

Les personnes élevées en milieu urbain utilisent très rarement le phonème « esp » et diront « spageti ou spò » au lieu de « espageti ou espò ». Renaud Govain en a profité pour expliquer que logiquement les personnes non urbanisées ne reconnaissent pas dans leur système phonologique les sons susmentionnés. Pourtant les citoyens-nes des zones reculées n’ont même pas conscience, selon Renaud Govain, d’utiliser les bonnes règles grammaticales.

 

Le Linguiste a critiqué le comportement de certaines personnes de se contenter à appliquer des règles grammaticales au lieu de parler la langue. Ce qui constitue naturellement une forme de barrière. « La meilleure façon de parler une langue étrangère est de la pratiquer », a suggéré Renaud Govain.

 

Le Doyen de la Faculté de linguistique appliquée (FLA), Renaud Govain en a profité pour rappeler qu’un colloque international a été réalisé les 17, 18 et 19 octobre 2018 à l’occasion des 40 ans de ladite faculté. Ce colloque s’est déroulé sur la question créolistique. Le Doyen a rappelé qu’Haïti représente la plus grande communauté créolophone du monde.

 

Vant bèf info (VBI)