Insécurité : Carrefour Aéroport est passé de lieu stratégique à « des territoires perdus »

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Comme une volonté manifeste d’accaparer tous les centres d’activités de la capitale haïtienne, les bandits armés font tomber le Carrefour Aéroport. Communément appelé « Kafou Rezistans », cet axe routier important est asphyxié par la violence brutale des gangs de la coalition VIV ANSANM.

Delmas, lundi 15 avril 2024.- Considéré comme l’un des centres d’activités de la commune de Delmas, Carrefour Aéroport est devenu une « zone rouge », à cause des attaques répétées des gangs de bas Delmas contre des infrastructures publiques et privées. Une situation qui sème la panique dans les parages, malgré les forces de l’ordre tentent de contre-attaquer.

Le visage désolant de Carrefour Aéroport

Le tribunal de paix de Delmas et le Sous-commissariat ont été incendiés, des attaques armées à répétition contre le bureau de l’ONA de Delmas 17 et des voitures de transport public ont été vandalisés. Carrefour Aéroport et ses environs offrent le visage d’une zone dévastée par une guerre sans merci.

Autrefois considéré comme l’un des lieux stratégique pour la mobilisation populaire, Carrefour Aéroport est de moins en moins fréquenté ces derniers jours, à cause des affrontements entre bandits et policiers.

« Nous vivons une situation catastrophique, la zone est quasiment vide, pas de passagers dans les stations. Les attaques violente des bandits ont paralysé presque toutes les activités au niveau de Carrefour Aéroport », relate un chauffeur de camionnette.

Coup dur pour les petits commerçants (es)

Depuis toujours, les trottoirs du périmètre de Carrefour Aéroport ont été occupés par des commerçants tels: les marchands(es) de Barbecue, de chaussures, de produits cosmétiques et ceux d’appareils électroniques etc…
À cause des attaques spectaculaires des bandes criminelles de bas Delmas, la zone est devenue de plus en plus désertique. Une situation qui provoque de grandes inquiétudes et le ralentissement considérable des activités commerciales.
« Je suis mère de deux enfants, je vis de mes activités commerciales au niveau de Carrefour Aéroport. À cause de la violence des gangs armés, je ne peux pas vaquer à mes activités pour répondre aux besoins de mes enfants. Je suis vraiment traumatisée par cette situation, je ne sais quoi faire », se désole une marchande de chaussures/produits cosmétiques.

Le stationnement des véhicules de transport public interrompu

Depuis quelques temps, le central du stationnement des transports en commun pour le circuit du grand Nord est basé à Carrefour Aéroport. Sans oublier, les stations des taxis qui assurent la liaison du Carrefour Aéroport aux communes avoisinantes. À cause de l’exaction des bandits, ces centres de stationnement fonctionnent désormais au ralenti. Des rares bus, des camionnettes et des motards ont pu assurer leur trajet habituel. Un constat qui montre à quel point l’activité de transport en commun est paralysé par l’assaut des gangs armés au niveau de cet axe.

Une zone presque vidée de ses habitants

Des habitants de Delmas 17 fuient pour s’échapper des balles perdues. Situé à un jet de pierre de Carrefour Aéroport, Delmas 17 est l’une des zones affectées par l’escalade de la violence des gangs armés. Plusieurs maisons ont été atteintes de balles perdues durant ces derniers jours, lors des affrontements
des forces de l’ordre et des civils armés de bas Delmas.
‘’J’ai failli être victime vendredi dernier. Une balle perdue a frôlé le toit de chez moi à Delmas 17, non loin de la radio « la voie de l’espérance ». Heureusement il n’y avait pas de blessés. Pour moi c’est un film d’horreur sans fin que je vis au quotidien’’, témoigne une jeune fille de la zone.

Si pour certains, quitter leurs maisons n’est pas une option envisageable, la situation oblige quelques autres à abandonner la zone pour aller se réfugier dans des endroits plus ou moins calme. C’est le cas de Ronald, un professionnel de photographie. « Depuis le 4 avril, j’ai laissé chez moi avec ma famille pour m’installer à Silo. J’ai vu des hommes lourdement armés, habillés en noir, qui font des va et vient près de chez moi. De peur de ne pas être victime, nous étions dans l’obligation de laisser la zone provisoirement, en attendant que la situation revient à la normale », confie-t-il dans un entretien téléphonique.

Convoité par les gangs armés depuis peu, ce lieu stratégique qu’est le Carrefour Aéroport ne devrait en aucun cas venir allonger la liste des territoires perdus ?

Judelor Louis Charles (Le Sage)
Vant Bef Info (VBI)

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