Haïti/Société Janvier 2023 : Syndrome de la poche vide, la tendance se confirme  

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Le mois le plus difficile de l’année est là. Après avoir beaucoup dépensé pour les fêtes de fin d’année, Noël et nouvel an, nous voici arrivés au mois de janvier durant lequel, plus d’un se plaint du syndrome de la poche vide.

Port-au-Prince, le 6 janvier 2023. La fin du mois de décembre rythme, pour beaucoup, avec des largesses et des efforts financiers supplémentaires pour passer des moments en famille, entre amis, reprendre de la force et repartir sur de nouvelles bases.

En Haïti, même après une année difficile et marquée par toute sorte d’instabilité et une insécurité qui devient de plus en plus chronique, la tradition n’a pas changé.

Janvier, le mois de la galère

« Je n’ai pas vu comment j’ai réussi à dépenser autant pour la Noël alors que mon salaire n’a pas changé. J’ai pourtant acheté beaucoup moins qu’en 2021 », se plaint Josette (Nom d’emprunt), une mère célibataire dont la fille est en 6e année fondamentale dans une école congréganiste.

« Il faut que je comprenne ce qui s’est passé car ce n’est, tout simplement, pas possible qu’au 5 janvier, je me retrouve déjà avec la poche presque vide », se lamente-t-elle le visage fermé et l’air inquiet.

Son cas n’est pas différent de celui d’une collègue, confie-t-elle, soulignant qu’elles avaient toutes deux pris la résolution de faire ce qu’il fallait pour ne pas passer le mois de janvier dans la galère la plus abjecte.

Une tendance confirmée

Au champ-de-mars, le décor a changé du tout au tout entre la fin du mois de décembre 2022 et le début de janvier 2023.  

La place des artistes, en face de l’ambassade de France, n’accueille plus grand monde notamment aux premières heures de la journée.  

Une serveuse nous a confié mercredi qu’elle est restée toute la journée sans recevoir de client. Les gens vont et viennent mais hésitent à nous solliciter, dit-elle.

« Vous êtes mon premier client », confie-t-elle, enfin soulagée, même si client, je ne l’ai été que pour ce reportage. « Certaines serveuses n’avaient même pas voulu rester aujourd’hui, faute de clients », ajoute-t-elle.

Une tendance confirmée par le gérant du kiosque où travaille notre interlocutrice qui affirme qu’en général, après une fin de décembre remplie d’activités et de clients, c’est toujours le calme plat début janvier.

Les magasins, les supermarchés, les librairies et les boîtes de nuit, ce sont pratiquement tous les secteurs d’activités qui enregistrent une baisse au niveau de la fréquentation en ce début de janvier.

Et si les poches se sont très vite vidées en décembre même si, pour certains, les achats ont diminué par rapport à l’année d’avant, il faut surtout aller chercher du côté de l’inflation.
En effet, à cause de l’augmentation des prix des produits, même avec plus d’argent, on en fait beaucoup moins.

Le recours aux prêts

Il faut toutefois noter qu’avoir la poche vide, ne veut pas dire être complètement démuni. Certains citoyens interrogés affirment qu’ils sont certes presqu’à sec, mais ils gardent quelques économies (à la banque, pour la plupart) en cas de force majeure.

Il faut aussi souligner que le syndrome de la poche vide en janvier, s’attaque en particulier à ceux qui n’arrivent généralement pas à boucler les fins de mois et c’est malheureusement le cas de la plupart des salariés haïtiens.

Alors, pour y faire face, ils recourent aux prêts car ceux qui ont des proches à l’étranger, hésitent à les solliciter puisque ces derniers avaient déjà envoyé quelque chose aux membres de la famille qui sont encore en Haïti pendant le mois de décembre.

Un prêteur sur gage nous a confié qu’en général, le nombre de demandeurs augmente durant les premières semaines qui suivent les fêtes de Noël et du nouvel an et ce n’est pas pour lui déplaire.

Vant Bèf Info (VBI)