Déportation des Haïtiens : les États-Unis se foutent-ils de notre agonie ?

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Dans un pays assombri par une crise chronique, des dizaines d’Haïtiens déportés par l’immigration américaine foulent le tarmac de l’aéroport du Cap-Haïtien, le 18 avril dernier. Avec un regard perdu dans un pays qu’ils avaient fui, rongés par l’incertitude d’un avenir plus sombre que jamais. Malgré la crise humanitaire qui frappe de plein fouet la nation, les États-Unis reprennent leurs vols d’expulsion suspendus depuis le 29 février dernier, alors que le pays est à genoux.

Cap-Haïtien, 23 Avril 2024 – Une nouvelle vague de déportations d’Haïtiens a eu lieu ce 18 avril 2024 en provenance des États-Unis, plongeant un peu plus le pays, déjà en lambeaux, dans un désespoir profond. Cette décision, prise en dépit de la situation socio-économique et politique désastreuse que traverse Haïti, suscite une onde de choc et d’indignation.

Ces 52 compatriotes arrivés ce jeudi, dont 12 femmes, proviennent de diverses zones du pays. Il y a ceux qui, avant de tenter leur chance, ont voyagé pour Mexique, Brésil, Nicaragua et au Chili depuis des années. Interceptés, ils ont été contraints de porter des GPS à la cheville même emprisonnés. En s’embarquant, d’autres qui n’ont pas voulu rentrer en Haïti, ont été contraints de monter de force dans l’appareil qui les transportait. Selon le coordinateur de l’ONM, Kerwing Augustin, les rapatriés étaient en infraction avec la loi américaine.

Par ailleurs, ces déportés ont reçu une assistance psychologique sur place, puis une enveloppe de 5 000 gourdes leur a été octroyée pour assurer leur retour au bercail confirme le Nouvelliste.

Un pays au bord du gouffre depuis le 29 février

Haïti, une nation autrefois resplendissante et pleine de vie, est aujourd’hui plongée dans les abysses d’une crise multiforme. Un gouvernement aux abonnés absents ; un Conseil Présidentiel prévu toujours pas encore installé ; le Palais national ciblé par les gangs, le plus grand centre carcéral attaqué depuis mars 2024 laissant des criminels notoires en liberté; des assaillants qui règnent en maîtres absolus, semant terreur et désolation sur leur passage. Les ports et aéroports, vitaux pour l’économie du pays, sont paralysés, asphyxiant toute perspective de relèvement. Au milieu de ce chaos indescriptible, la population, déjà meurtrie par la pauvreté endémique, se retrouve livrée à elle-même, sans protection ni assistance.

Un appel déchirant à un peu d’humanité

Face à ce tableau apocalyptique, des voix s’élèvent, appelant la communauté internationale, et en particulier les États-Unis, de ne pas fermer les yeux sur la souffrance du peuple haïtien.

En fin de mars, plus de 480 organisations de défense des droits humains ont sollicité du gouvernement américain, un moratoire sur les expulsions vers Haïti soulignant la recrudescence de la violence extrême qui sévit actuellement dans le pays des Caraïbes. « Haïti est confrontée à l’une des pires crises humanitaires de son histoire », clame Cori Bush, députée américaine, membre du parti démocrate de Biden. « Le gouvernement américain a la responsabilité morale d’adopter une approche humaine pour aider les immigrants haïtiens fuyant ces conditions horribles”, Poursuit la députée. D’autres élus américains comme la sénatrice démocrate Elizabeth Warren et la congresswoman démocrate Yvette Clarke ont toutes deux aussi demandé à l’administration Biden de suspendre les déportations des ressortissants haïtiens.

Les défenseurs des droits humains exhortent les autorités américaines à suspendre les expulsions d’immigrants haïtiens, à prolonger le statut de protection temporaire (TPS) leur permettant de vivre et travailler en sécurité, et à offrir une aide humanitaire d’urgence à la population haïtienne.

Avec le cœur lourd et l’esprit troublé, après avoir fui le pays dans lequel ils espéraient trouver des opportunités, ces gens ont devant leurs yeux une Haïti où la violence gangrène le quotidien et où l’espoir semble s’être envolé. Eux qui ont abandonné Haïti pour des conditions précaires, refoulent à nouveau le sol natal en raison de problèmes de statut légal. Un va-et-vient incessant. « Les États-Unis n’agissent-ils pas finalement comme la République dominicaine ? », s’interrogent beaucoup de gens, amers et désemparés.

« Haïti a-t-elle de vrais amis ? Se soucient-ils du sort quotidien ? »

La boucle infernale de la misère qui étreint la nation haïtienne semble sans fin, laissant les Haïtiens face à un avenir incertain et sombre. « Renvoyer des gens dans un pays en proie à la violence exacerbée et à la misère abjecte équivaut à une condamnation à mort », rappellent des défenseurs de droits humains.

Wideberlin SENEXANT
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