Haïti-société: Des enfants de rues formulent leurs voeux de Noël et du nouvel an

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L’année 2022 prendra fin dans quelques jours. Si pour certains enfants, l’heure est à la fête pour d’autres qui arpentent les rues de Delmas, à la recherche du pain quotidien, ils ignorent l’arrivée de Père Noël. Certains d’entre eux interviewés par un reporter de Vant Bèf Info ont fait part de leur quotidien, en cette période de fin d’année.

Delmas, le 22 décembre 2022.- Pieds nus, des vêtements abimés par l’usage, les cheveux ébourrifés, rougis par le soleil, Ricardo, Abel, Antoine, trois petits garcons se pavanent dans les contrées de Carrefour de l’Aéroport sous un soleil de plomb , avec un morceau de toile en main pour tenter de nettoyer des véhicules circulant dans les rues.

Originaire de Delmas 24, le plus âgé, Antoine, 12 ans, interrogé sur sa situation pour cette fin d’année et du nouvel an, se fait le porte- voix de ses pairs.

« Nous sommes constamment dans les rues . Nous essuiyons les véhicules. Parfois on nous donne quelque chose et parfois rien. Si quelqu’un trouve, selon la quantité, chacun aura sa part. Mais pour ces derniers jours, la situation n’est pas si bonne », précisant que son père est mort et que sa mère ne travaille plus.

« On peut gagner par jour 250 à 300 gourdes dépendamment des gens qui donnent », a renchéri, Abel, le plus jeune, lui qui est originaire de Corridor Bastia.

Ces gamins n’entendent pas parler de père Noel

La noël a des traditions qui vont avec elle. Et parmi ces traditions, certaines sont propres aux enfants. Comme l’ illusion du Père Noël. Ce personnage mythique qui apporte des cadeaux aux enfants. Et quant à ces trois, ils n’en ont jamais entendu parler.

 » Père Noël, je n’ai pas entendu parler. Et je ne recois pas encore de cadeaux de lui », a évoqué Ricardo. Le gamin de 11 ans, souligne n’avoir jamais eu de cadeaux durant cette période de fin d’année. Cependant, il dit reconnaitre que pour d’autres enfants de son quartier, c’est le contraire.

Ce n’est pas Abel qui dira le contraire. Le natif de Corridor Bastia rappelle que la dernière fois qu’il avait un petit jouet, c’est lui qui l’avait acheté avec son propre argent.

Pour les trois, le personnage denommé Père Noel n’existe pas. Ils n’en ont pas entendu parler dans leurs maisons respectives.

Ces gamins ont des souhaits pour le nouvel an

Interrogés sur leurs souhaits pour la nouvelle année qui arrive dans moins d’une dizaine de jours, ces gamins ont eu à coeur leur situation dans les rues et celle de bon nombre d’autres qui ne savent pas à qui crier et vers qui aller:

« Je souhaite que le pays change pour que les enfants de rues puissent avoir la chance d’aller à l’école », déclare Ricardo qui souligne avoir abandonné l’école, parce que sa mère n’avait pas de moyens pour payer la scolarité.

Un souhait qui n’est different de celui de Abel qui dit vouloir vivre une autre vie que celle qu’il vit dans les rues de Delmas.

 » Je souhaite aller à l’école, trouver un travail pour pouvoir ensuite aider ma famille », a t-il poursuivi.

Quant à Antoine, son rêve le plus cher, c’est de vivre comme les autres enfants, dénonçant ainsi des abus dont ils sont souvent l’objet dans les rues.

Il faut préciser que selon l’Unicef, dans son rapport daté de de 2019, plus de 200 mille enfants haïtiens sont contraints de travailler, au détriment de leur santé pour survivre. Une réalité qui s’est aggravée avec la cherté de la vie resultant des troubles socio-politiques auxquelles fait face le pays.

Azaine Mauryle

Vant Bèf Info ( VBI)