Haiti : Le Ministère des Affaires Sociales et du Travail dysfonctionnel depuis 3 mois, les autorités s’en fichent

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Les activités sont toujours paralysées au Ministère des Affaires Sociales et du Travail (MAST). Ministre, Directeur Général, chefs de service, cadres et employés fuient l’espace. Des gens qui se présentent comme des contractuels sont toujours mobilisés en vue de porter le gouvernement à leur payer plusieurs mois d’arriérés de salaire. Et depuis plus de trois mois et encore le mardi 1er décembre 2020, un reporter de Vant Bèf Info (VBI) a constaté que le MAST est toujours dysfonctionnel. Les demandeurs de services sont obligés de rebrousser chemin dans la déception.

Port-au-Prince, le 2 décembre 2020.- Il est 9 heures 30 du matin, le mardi 1er décembre 2020, les locaux du Ministère des Affaires Sociales et du Travail sont quasi abandonnés par son personnel.

Des agents de sécurité, fidèles au poste, discutent entre eux. D’autres jouent aux dominos. Les bureaux sont fermés. Les employés ne viennent presque plus. Encore moins la Ministre Nicole Yolette Altidor, le Directeur Général Rudy Hériveaux, des chefs de service et des cadres. Tous désertent leurs espaces de travail.

Par moment des citoyens entrent en quête d’un service. Sur les murs, on peut lire des slogans hostiles aux responsables actuels qui ne pointent plus les pieds au MAST, à la rue Charles Summer, à Port-au-Prince.

Des dossiers en souffrance

Le Ministère des Affaires Sociales et du Travail comporte plusieurs sections. Les bureaux et les chaises y sont mais, le personnel de travail absent. Les services sont tous fermés.

La Direction de main d’oeuvre s’occupant du dossier des écoles professionnelles et le service juridique font partie des sections où de nombreux dossiers sont en souffrance. Junior* a fait le dépôt des pièces pour la reconnaissance de son école professionnelle au service concerné. Il devrait passer depuis deux mois pour le suivi du dossier. « J’ai un dossier qui est déposé ici. Je fais des pérégrination au quotidien ici. Rien n’est encore fait. Les services sont dysfonctionnels. Quand on vient, on ne trouve personne pour nous donner des informations », se plaint-il. Plus loin, il dénonce l’attitude passive et désinvolte des autorités du pays qui, dit-il, n’ont rien fait en vue de la reprise des activités. Furieux, il rebrousse chemin dans la plus grande insatisfaction.

Pour sa part, Jean un trentenaire, qui a déposé des pièces pour la reconnaissance d’une association, n’a pas marché ses mots.  » Je reviens de loin pour venir ici. À chaque fois que je viens, les services sont fermés. Ce n’est pas possible, s’offusque-t-il, ajoutant qu’il avait rendez-vous depuis le 10 novembre dernier.

De la paralysie à la corruption

La paralysie des activités au MAST entraîne des cas de corruption . » Je peux vous aider. C’est quoi votre problème? », a demandé un agent de sécurité en uniforme à un jeune homme dans la trentaine venant chercher un service.

« Avec 2 000 gourdes, je pourrai te donner le service dans moins d’une semaine et j’ai l’habitude de travailler pour de nombreux clients pour 5 000 à 10 000 gourdes, dépendamment du dossier », a-t-il poursuivi sans être gêné par la présence de notre reporter.

Curieux, le jeune homme a demandé à l’agent de sécurité comment va-t-il procéder puisque les bureaux sont fermés ?  » Pas si difficile. Je peux appeler n’importe quel responsable pour venir me donner le document », a-t-il répondu pour essayer de convaincre son interlocuteur.

Après plus de trois mois de paralysie des activités au MAST où des dossiers sont en souffrance, aucun mot de la part des responsables de ce ministère et des plus hautes autorités du pays.

Vant Bèf Info (VBI)