Haïti/Covid 19/Éducation Une opportunité de sauver les réformes pour moderniser le système, selon Nesmy Manigat

Getting your Trinity Audio player ready...

Le système éducatif haïtien connait continuellement des moments de perturbation qui interrompent de temps à autres les activités scolaires. Lorsque ce ne sont pas des événements politiques, ce sont des catastrophes naturelles majeures. Et maintenant, c’est la pandémie Covid 19. L’ex Ministre de l’Éducation Nationale, Nesmy Manigat, Président du Comité de Gouvernance et d’Éthique du Partenariat Mondial pour l’Éducation dit souhaiter que les difficultés provoquées par le nouveau Coronavirus constituent aussi une opportunité de réaliser des réformes urgentes pour moderniser le système éducatif haïtien.

Port-au-Prince, le 3 avril 2020. L’année académique 2019-2020 continue de faire face à des difficultés avec l’introduction de la pandémie Covid 19 dans le pays. Après les événements politiques de « pays lock » qui ont provoqué la fermeture des écoles durant trois mois les autorités gouvernementales décident de suspendre toutes les activités scolaires à cause de l’introduction du nouveau Coronavirus dans le pays.

Le Partenariat mondial pour l’éducation (PME) vient d’annoncer qu’il fournira immédiatement 250 millions de dollars pour aider 67 pays en développement dont Haïti à atténuer l’impact des perturbations immédiates et à long terme causées par la pandémie de COVID-19 sur l’éducation. « Le ministère de l’Éducation et les partenaires locaux de l’éducation pourront utiliser ces fonds pour assurer la poursuite de l’apprentissage, en particulier pour les plus pauvres et les plus vulnérables », lit-on dans le communiqué de presse.

Haïti fait partie du groupe de pays qui pourront accéder jusqu’à 10 millions de dollars suivant leur requête et après évaluation, selon Nesmy Manigat, du Partenariat Mondial de l’Éducation. Rappelons  que la semaine dernière, le PME avait accordé 8,8 millions de dollars à l’UNICEF pour faciliter la préparation des plans de réponse rapide au COVID-19 dans le secteur de l’éducation dans 87 pays.

L’ancien Ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, Nesmy Manigat dit souhaiter que cette crise provoquée par la pandémie soit une opportunité de réaliser les réformes urgentes afin de moderniser le système éducatif haïtien tout en adoptant des mesures efficaces non pas pour seulement tenter de sauver l’année académique 2019-2020, mais pour construire  véritablement l’école de la réussite pour tous.

« La solution la plus réaliste est de travailler à réaménager le curriculum, avec  des programmes et cours qui facilitent le rattrapage de cette année scolaire pratiquement perdue au cours des deux prochaines années, exception faites des classes d’examens officiels qui méritent un traitement spécial », soutient Nesmy Manigat. « Les parents haïtiens sont trop appauvris pour payer deux fois la même année scolaire, parce que ce n’est pas de leur faute ni celle de leurs enfants s’il n’y a pas eu d’apprentissages réels ». Il affirme que seules les écoles qui ont déjà une pratique et une culture de l’enseignement-apprentissage à distance pourront boucler l’année scolaire de manière crédible à travers des plateformes et faire subir les tests et examens de leurs écoles.

L’ex Ministre estime qu’aujourd’hui c’est le temps de donner les grandes directives pour s’assurer que les programmes d’études, le profil des enseignants, l’évaluation et la promotion de l’utilisation des médias de communication traditionnels et des technologies de l’information dans l’éducation, les types de financements correspondent aux besoins du pays. « C’est en grande partie  le rôle du  Conseil d’Administration de l’Office National du Partenariat en Éducation (ONAPE) organisme multisectoriel, public, privé, et de la société civile, aux côtés de la nouvelle Inspection Générale de l’Administration de l’Éducation et de la Formation, créée en 2015 », précise-t-il.

Il encourage le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle à reprendre en urgence les chantiers de la carte scolaire et de l’accréditation des écoles tels que prévus dans les 12 mesures à travers la carte d’Identité d’Établissement (CIE), le dossier du registre des maîtres donnant lieu au permis d’Enseigner, au plan de formation, qui garantit un statut particulier et une grille de salaire équitable pour les environ 200 000 enseignants du public et du privé recensés en 2014 et les nouveaux, pour faciliter dit-il une distribution plus efficace et ciblée des appuis et subventions.

M. Manigat estime que la réponse du secteur de l’éducation doit être une réponse nationale et non uniquement « scolaire ». Elle doit être aussi locale en mobilisant les maires à travers les « Commissions Municipales d’Éducation » avant de conclure avec sa phrase fétiche: »  Pour qu’un enfant grandisse, en santé et en intelligence, il faut tout un village et ceci passe par le Pacte pour l’Éducation.

Vant Bef Info (VBI)