Dr François Willy Staco: La détection précoce de l’hypertension artérielle pour réduire les risques d’AVC

Getting your Trinity Audio player ready...

Ce 17 mai marque la journée mondiale contre l’hypertension artérielle. En cette occasion,  le docteur Staco Willy a, dans une interview à la rédaction de Vant Bèf Info, mis l’accent sur la nécessité de détecter de façon précoce l’hypertension en vue, notamment de  réduire le risque de développer un événement cardiovasculaire.

Port-au-Prince, le 17 mai 2023.- « Mesurez votre tension artérielle avec précision, contrôlez-la et vivez plus longtemps » c’est le thème retenu cette année pour la journée mondiale contre l’hypertension artérielle.

En Haïti, 4 personnes sur 10 souffrent d’hypertension artérielle à l’âge de 30 ans.

La rédaction de Vant Bèf Info s’inscrit dans la démarche pour vous informer sur l’hypertension artérielle, les risques, les préventions, le lien entre l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires, entre autres, dans une entrevue avec le spécialiste en Santé Publique.

Vant Bèf Info: Parlez-nous de l’hypertension artérielle et de ces conséquences

-Dr François Willy Staco :  Pour comprendre la tension artérielle, il faut comprendre le cycle cardiaque. Ce cycle commence par la contraction du muscle cardiaque, qui pompe pour envoyer le sang chargé en oxygène et en nutriments dans toutes les cellules de l’organisme. À chaque contraction, le cœur envoie le sang dans l’aorte, qui est l’artère principale du corps humain. Celle-ci transporte le sang dans toutes les autres artères du corps. Le muscle cardiaque, que l’on appelle myocarde, se relâche alors, pour permettre au cœur de recevoir, à nouveau du sang, puis le cycle recommence.
La tension artérielle correspond à la pression exercée par le sang sur la paroi des artères et s’exprime par deux chiffres.
Le chiffre le plus élevé correspond à la pression du sang dans les artères quand le cœur se contracte (pression systolique) ;
Le chiffre le plus bas mesure la pression quand le cœur se relâche (pression diastolique).
On parle d’hypertension artérielle quand, à plusieurs reprises, la pression systolique est supérieure à 140 mmHg et/ou la pression diastolique est supérieure à 90 mmHg.
Vu l’importance de ce problème, depuis 2005, l’OMS consacre le 17 mai comme la Journée mondiale de l’HTA afin d’attirer l’attention sur ses dangers. Le thème de cette année est : Mesurez votre tension artérielle avec précision, contrôlez-la et vivez plus longtemps
L’hypertension peut entraîner de nombreuses complications et notamment de graves lésions cardiaques. Une pression excessive peut durcir les artères, diminuer le flux sanguin et le flux d’oxygène vers le cœur. Cette pression élevée et la réduction du flux sanguin peuvent causer : des douleurs thoraciques (angine de poitrine ou angor) ; un infarctus du myocarde, qui se produit lorsque la circulation sanguine vers le cœur est interrompue et que les cellules du muscle cardiaque se nécrosent par manque d’oxygène ; plus l’interruption est longue, plus les lésions cardiaques seront importantes ; une insuffisance cardiaque, qui survient lorsque le cœur n’est plus en mesure de pomper suffisamment de sang et d’oxygène à destination des autres organes vitaux ; et un trouble du rythme cardiaque, qui peut conduire à une mort subite.
L’hypertension peut également provoquer l’éclatement ou l’obstruction d’une artère qui irrigue le cerveau et l’alimente en oxygène, et entraîne un accident vasculaire cérébral. 
De plus, l’hypertension peut entraîner des lésions et une insuffisance rénale.
 
 

  • VBI : Quelles sont les personnes les plus affectées par l’HTA ?

-Dr Fraçois Willy Staco : L’hypertension est une maladie non transmissible sans cause spécifique. Elle peut toucher tout le monde. Cependant, certains facteurs augmentent la probabilité d’incidence, ou les risques. Certains de ces facteurs sont liés au vieillissement et d’autres modes de vie et aux comportements. Tout phénomène qui diminue la souplesse et le diamètre de l’artère entraîne une HTA. On peut citer les facteurs suivants :
L’âge : les risques augmentent lorsque l’on vieillit. Les femmes présentent un plus grand risque d’hypertension une fois qu’elles sont ménopausées, et les femmes enceintes peuvent souffrir d’hypertension temporaire, mais elles retrouvent un état de santé normal après l’accouchement. 
Il existe aussi des facteurs génétiques pour l’hypertension. Les mauvaises habitudes alimentaires qui sont la première cause d’hypertension : par exemple, consommer trop de sel, d’aliments riches en graisses, d’alcool ou ne pas manger assez de fruits et légumes. 
Le faible niveau d’activité physique et le manque d’exercice. Certaines personnes ont des modes de vie sédentaires et ne font pas suffisamment d’exercice ou de sport, ce qui accroît le risque d’hypertension. Il y a aussi l’obésité et le surpoids. Le risque d’hypertension augmente parallèlement à l’indice de masse corporelle et surtout à la graisse abdominale. On parle aussi du tabagisme. Les composés chimiques du tabac causent également la sténose artérielle, qui conduit à l’hypertension. Le stress psychologique, le diabète, un taux élevé de cholestérol sont des facteurs qui augmentent tous le risque d’hypertension.

VBI: Comment prévenir l’hypertension artérielle ?
Dr François Willy Staco:  La prévention de l’hypertension artérielle passe par une bonne alimentation et des changements de mode de vie. De ce fait, sensibiliser de manière régulière sur l’importance de contrôler sa pression artérielle, dans le cadre d’une détection précoce de l’hypertension, constitue déjà un grand pas.

En faisant contrôler leur pression artérielle plus tôt, grâce aux conseils du Centre de Dépistage de Maladies Cardiovasculaires, les gens pourront mieux la gérer et réduire leur risque de développer un événement cardiovasculaire.

Nos différentes stratégies se concentreront sur la façon de rejoindre les populations qui ont moins accès aux soins de santé et, de ce fait, sont moins susceptibles d’être conscientes de leur hypertension et de la contrôler de manière appropriée. « Nous avons tous un rôle à jouer », dit-il.
Pour prévenir et maîtriser l’hypertension artérielle, le gouvernement et les responsables de l’élaboration des politiques doivent afficher une volonté politique, en plus des efforts déployés par le Centre de Prévention de Maladies Cardiovasculaires.
 
VBI Quel est le lien entre l’HTA et les maladies cardiovasculaires?

L’hypertension artérielle (HTA) est l’un des principaux facteurs de risque cardiovasculaire, c’est-à-dire qu’elle augmente fortement les risques de développer des complications cardio vasculaires (AVC, infarctus du myocarde, insuffisance rénale, artériopathie des membres inférieurs…). Elle est le premier facteur de risque de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et est responsable de 51% des AVC dans le monde.
 
VBI: Quel comportement adopter après un accident cardiovasculaire (ACV)?

Dr François Willy Staco :  Après un accident vasculaire cérébral, la difficulté des patients réside très souvent dans le comportement à adopter pour prévenir les récidives.
Pourtant, le risque est bien présent. Entre 30 et 40% des patients risquent de faire un nouvel AVC dans un délai moyen de 5 ans. 
Les patients qui récidivent sont ceux dont les artères sont déjà très abîmées ou qui ne prennent pas de médicaments après le premier épisode. Ce traitement sert à contrôler les facteurs de risque et ainsi éviter la récidive. 
Malheureusement, certaines personnes s’arrêtent dès qu’elles se sentent mieux et là, une nouvelle attaque peut survenir. 
L’éducation thérapeutique du patient dispensée par les équipes soignantes représente donc un moyen d’améliorer son observance et de diminuer le risque de récidives, d’où l’importance du Centre de Prévention de Maladies Cardiovasculaires.
 
VBI: Quand est-ce qu’on doit faire un test pour savoir si on souffre d’hypertension artérielle?
Dr François Willy Staco : Le fait d’avoir une HTA (pression artérielle au-dessus de la normale) ne provoque souvent, tout au moins au début, aucun symptôme. 
La tension artérielle ne se « ressent » pas ; ce qui explique qu’elle soit découverte fortuitement lors d’un examen médical systématique ou lors d’une consultation médicale pour un autre motif.
Parfois, des symptômes peu spécifiques permettent d’évoquer le diagnostic d’HTA : maux de tête à l’arrière du crâne légèrement battants, survenant plutôt le matin et ne cédant pas aux antalgiques mais s’estompant après le lever ; fatigabilité, nervosité, insomnie ; sueurs ; mouches volantes devant les yeux ; saignement de nez.

Le diagnostic d’HTA est fait par mesure de la pression artérielle par un appareil appelé tensiomètre. La mesure de la tension artérielle au cabinet médical.

Le médecin choisit un tensiomètre électronique dont le brassard est adapté à la taille du bras.

La tension artérielle doit être mesurée au moins deux fois de suite au cours de la même consultation, soit en position assise, soit en position couchée, après un repos de plusieurs minutes (3 à 5 min dans le calme et le repos).

Lors de la première consultation, la tension doit être prise aux deux bras. Si la mesure diffère d’un bras à l’autre, les nouvelles mesures seront faites sur le bras donnant le résultat le plus élevé.

Le chiffre de tension retenu est la moyenne des chiffres trouvés.

Came Stefada Poulard 
Vant Bèf Info (VBI)