Journée internationale des droits des femmes, le Réf-Haïti et la FEDOFEDH lancent un cri d’alarme

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Ce vendredi 8 mars ramène la journée internationale des droits des femmes. Le « Refuge des Femmes d’Haïti » et la Fédération des Organisations pour la Défense des Droits Humains(FEDOFEDH) dressent un tableau sombre de la situation en Haïti. Ces organisations que dirige Novia Augustin, lancent un cri d’alarme.

Port-au-Prince, le 8 mars 2024. Dans un message publié ce vendredi, la responsable de ces organisations, Novia Augustin, lance un cri d’alarme.

La militante des droits des femmes estime qu’il est difficile de parler de respect des droits humains en Haïti. « Cela fait tellement longtemps que ce droit est bafoué », déplore Novia Augustin.

« Chacun vit selon la volonté », dit-elle. Les individus armés semant la terreur, dictent leurs lois. Les autorités étatiques paraissent impuissantes, regrette madame Augustin.

Les individus armés poussent des milliers de personnes, des femmes et des enfants en particulier, à quitter leurs maisons. Novia Augustin évoque, en ce sens, des chiffres avancés par la coordonnatrice des affaires humanitaires des Nations Unies, Ulricka Richardson.

Ce ne sont pas moins de 15 mille personnes qui ont été déplacées sous la pression des bandits armés, déplore madame Augustin. Elle souligne que ces statistiques ne concernent que Port-au-Prince durant les premiers mois de l’année 2024.

Des femmes enceintes, des malades, des enfants et des personnes âgées meurent chez eux. Il y en a qui ont été touchés par des balles perdues et d’autres qui meurent de faim, déplore Madame Augustin.

Le pire, souligne-t-elle, c’est que dans certains endroits, les organisations de défense des droits humains ne peuvent pas les assister. Des pans importants du territoire sont sous le contrôle des gangs armés, souligne Novia Augustin.

Une situation intenable

Elle souligne que même les militantes des droits humains ont tendance à se laisser décourager. Leurs propres droits ne sont pas respectés, fait remarquer la responsable de la FEDOFEDH.

Personne n’est à l’abri des violations des droits humains. Ce sont nos propres frères qui nous font vivre un enfer, déplore-t-elle, soulignant que la liste des victimes s’allonge chaque jour.

Il y a des femmes enceintes qui ne peuvent pas se rendre à l’hôpital. Il y en a qui meurent chez elles comme c’est le cas de certains malades, d’enfants et de personnes âgées. Les gens meurent de faim et la situation est intenable, dit-elle.

Le Réf-Haïti et la FEDOFEDH tentent d’apporter malgré tout une réponse

« Par la mise en œuvre de certains projets avec l’aide de nos partenaires dont WPHF/Onu-femmes et Fosref/PNUD, nous essayons de tenir », dit-elle.

Elle se dit satisfaite du soutien apporté à des groupes de femmes parmi les plus vulnérables. Ce ne sont pas moins de 300 mille personnes qui ont été sensibilisées entre septembre 2023 et février 2024 sur la violence basée sur le genre et le VIH/Sida. Elle souligne que le Réf-Haïti a plus de 230 femmes, filles et garçons dans son centre d’hébergement pour une période allant de 3 à 90 jours.

« Nous avons donné un accompagnement financier à des centaines de familles. Nous formons des centaines de femmes dans la fabrication de produits chimiques, de macramé et en broderie », a-t-elle indiqué.

Un appel aux brigands

Elle lance un appel à ceux-là qui se disent révolutionnaires. Elle leur demande de prendre conscience que cette situation dont ils sont responsables ne peut plus et ne doit plus durer.

Ceux-là qui enlèvent, tuent et violent les gens, qui détruisent leurs maisons doivent prendre conscience. Novia Augustin les invite à abandonner ces pratiques et à laisser la population vaquer à ses activités.

« Vous devez réfléchir aux conséquences de vos actes sur l’avenir d’Haïti », leur a-t-elle lancé.

« Nous leur demandons également de réfléchir à la misère que nous traversons pour construire le peu d’infrastructures dont nous disposons dans le pays. Il est facile de tout détruire en un jour, mais n’oubliez pas qu’il nous faudra plus de 25 ans pour les reconstruire, » a martelé la présidente de Réf-Haïti.

« Si nous luttons réellement pour le peuple, nous devons éviter d’incendier les maisons des gens, de piller leurs commerces », a-t-elle dit.

Elle souligne qu’il y a d’autres moyens de faire entendre sa voix que d’utiliser la voie de la violence. « Cessons de massacrer les gens », implore Novia Augustin.

Dodeley Orélus

Vant Bèf Info (VBI)