Haïti : L’insécurité nous tue tous, la collectivité zombifiée

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La montée spéctaculaire de l’insécurité en Haïti devient de plus en plus asphyxiante. L’insécurité nous étrangle, nous étouffe et nous tue ! Les cas d’enlèvement contre rançon sont quotidiens dans plusieurs communes. Chacun attend son tour. Quand le kidnapping est à leurs portes, certaines institutions dénoncent et condamnent. Les autres ne réagissent pas. On agit isolement et on meurt collectivement. Plus d’un se demandent : « à quand une mobilisation collective pour forcer les autorités à agir ? »

Port-au-Prince, le 11 juillet 2022.- On vit comme des morts qui attendent chacun d’être enterré. On circule dans la ville comme dans un cimetière. Sommes-nous zombifiés ?

En effet, depuis plus d’un an, les riverains de plusieurs zones d’Haïti subissent les lois des bandits. Ils chassent des familles de leurs maisons. À Martissant, Fontamara, les Avenues de Bolosse, Pernier, Croix-des-Bouquets Bicentenaire, Canaan, Butte Boyer, Cité Soleil, Croix-des-Missions, entre autres, les gangs sont aux commandes.

Les bandits kidnappent, volent, pillent et violent à la barbe des autorités.

Devant l’irresponsabilité des autorités et l’arrogance des gangs, la population reste amorphe.

Alors que tous les secteurs de la société sont touchés par l’insécurité avec le kidnapping comme toile de fond. Aucun groupe n’est épargné à l’exception des autorités. Les citoyens, eux, chacun attend son tour.

  • Chacun conduit son âne !

Quand une personne est enlevée dans une zone, des riverains bloquent les rues après coup. Ils érigent des barricades et brûlent des pneus. 2 jours après, tout revient à la normale. Les autres quartiers s’en foutent. Chacun conduit son âne ! Parallèlement, la famille de la victime remue ciel et terre, contrate des prêts, vendent ceux qu’elle n’a pas pour payer une ou des rançons exorbitantes aux kidnappeurs.

Quand c’est un professionnel connu qui est enlevé, la corporation à laquelle il appartient réagit. Marche, sit-in, manifestation de rues,, grêve, arrêt de travail sont, entre autres, formes de protestation pour exiger la libération sans condition de la victime. Les autres secteurs s’en fichent. Chacun conduit son âne !

Malgré les multiples revendications, les résultats escomptés ne sont pas atteints à savoir « la libération inconditionnelle des victimes. Ce, sans verser de rançon ». Et très souvent, les otages sont libérés après le versement de fortes rançons aux ravisseurs parfois à plusieurs reprises.

  • À quand une mobilisation collective contre l’insécurité ?

Au cours de la semaine écoulée, des cas de kidnapping en cascade ont été recensés dans la capitale. L’un des cas le plus spectaculaire est celui orchestré par des adolescents à l’angle de la rue Capois et Avenue Christophe, le dimanche dernier.

Selon plusieurs observateurs, la situation d’insécurité doit interpeller tous les citoyens de toutes les sphères de la vie nationale. En lieu et place des mouvements isolés, les observateurs préconisent une mobilisation collective, incluant les institutions et tous les citoyens pour forcer les autorités à faire quelque chose.

Il y a nécessité aujourd’hui d’une mobilisation collective contre l’insécurité. Sinon, nous mourrons tous avec notre propre complicité

Jean François
Ruben Dumont

Vant Bèf Info (VBI)