Crise humanitaire: les déplacés internes, de véritables laissés pour compte

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La machine infernale de l’insécurité avance à toute allure en Haïti. Depuis plusieurs mois, elle a atteint sa limite maximale. Les groupes de gangs font la loi et tous les secteurs subissent les conséquences. Les quartiers de la zone métropolitaine et certaines villes de province vivent la peur au ventre. Pour sauver leur peau, des citoyens se voient obligés de laisser leurs domiciles pour trouver refuge ailleurs. Ces laissés pour compte vivent l’horreur au quotidien dans les abris de fortune. Naissance d’une crise humanitaire aiguë.

Crédit photo : Le National

Port-au-Prince, 13 avril 2024.- La capitale d’Haïti et plusieurs villes de province sont, depuis la fin de l’année 2023, ravagées par une vague de violence orchestrée par la coalition criminelle Viv Ansam. Entre pillages, incendies, extorsions, viols, enlèvements, vandalismes des institutions étatiques, éducatives, professionnelles et religieuses, des tueries quotidiennes augmentant considérablement le nombre de blessés déjà accablant. Les rues de la zone métropolitaine tendent vers la désolation totale.

Pas une lueur d’espoir à l’horizon. La population est livrée à elle-même. Par conséquent, des milliers d’hommes, de femmes et des enfants incluant des personnes à mobilité réduite sont forcés de se déplacer afin de sauver leur peau. Mine de rien, les autorités font semblant de ne pas comprendre l’ampleur de la situation dessinant ainsi un tableau où une frange non-négligeable de la population port-au-princienne et provinciale est abandonnée à son sort, macabre et inhumain.

L’impact dévastateur de l’insécurité sur la population déplacée:

Selon un rapport de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) publié, le 8 mars 2024, plus de 313 901 habitants du pays ont été forcés de quitter leurs demeures à la recherche d’un abri loin de la violence et de la destruction perpétrées par les bandits armés. La grande majorité venant de plusieurs quartiers populaires, d’autres des villages et communes tels que: Grand-ravine, Bel-Air, Lassaline, Canaan, Onaville, Savien, La Saline, Source Matelas, Liancourt, Cité-soleil, Tibwa, Carrefour-feuilles, Martissant, Petite Rivière de l’Artibonite, Croix-des-Bouquets, Petit-Goave, Solino, Tabarre, Mariani, Delmas, Pétion-Ville, ect…

Ces pourchassés ou encore ces dépalcés internes se sont éparpillés dans des camps de fortune surpeuplés, dans des abris d’urgence à travers des quartiers populaires et informels avec peu ou pas d’accès aux services de base, de soins de santé, eau et assainissement, hygiène publique, logements sociaux décents, éducation notamment pour les enfants en âge d’être scolarisés. Les services sociaux de base (SSB) sont complètement absents où l’insalubrité défie l’intimité sans aucune disposition pour la gestion des déchets. De plus, la discrimination basée sur le genre, la famine aiguë, le manque d’électricité ne manquent pas de faire tâche sur la toile. Il est évident que les déplacés ont besoin d’aide.

Crédit photo : UN News

Les organisations des droits humains appellent et à une action immédiate

Pour la plupart, les organisations communautaires font de leur mieux pour tenter de répondre aux besoins de certaines familles rescapées. Malheureusement, c’est le résultat contraire qui se profile encore à l’horizon, selon Philippe Branchat, chef de l’OIM en Haïti. « Même si les secouristes font de leur mieux pour aider, l’aide humanitaire seule ne suffit pas. Il faut investir davantage dans des solutions durables pour améliorer les services gouvernementaux dans tout le pays. »

En effet, la situation est particulièrement préoccupante. Les organisations des droits humains dénoncent les violations flagrantes des droits fondamentaux des déplacés internes mais aussi l’indifférence des autorités locales et de la communauté internationale. Les déplacés sont pris au piège dans un cycle de peur, de violence et d’incertitude, sans aucun recours fiable pour assurer leur protection. Dans son rapport daté 10 avril 2024, le Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH) en guise de conseil prodigué au Conseil Présidentiel de Transition, insiste pour que des changements soient vite opérés dans la chaine de sécurité en Haïti, en y rétablissant des conditions adéquates afin de permettre aux déplacés de retourner chez eux. De surtout mettre en place des programmes psyco-socio-économiques en faveur des victimes de l’insécurité. Il n’en est pas différent en ce qui concerne le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés. Dans une note de presse, la structure souligne que de nombreux habitants quittent soudainement leurs maisons de peur d’être assassinés, brûlés vifs ou lynchés pour se faire héberger par des proches ou se réfugier dans les rues, sur des places publiques, dans des églises, des écoles ou sur des terrains vides où ils vivent dans une misère écœurante. « La situation est intolérable et doit être résolue au plus vite. » décrète l’organisme.

Cette situation déshumanisante pour les déplacés internes n’a pas non plus échappé aux regards de l’Office de la Protection du Citoyen (OPC). En effet, l’OPC a pu observer les conditions inhumaines et dégradantes dans lesquelles vivent les déplacés. C’est pourquoi, il insiste à la mobilisation auprès des organisations humanitaires et les institutions étatiques pour continuer à protéger et fournir des services d’assainissement aux déplacés sans perdre de temps.

Une réponse urgente est nécessaire

Les autorités haïtiennes ont largement failli à leur devoir en ce qui concerne les déplacés. L’absence de mesures concrètes pour garantir leur sécurité et leur bien-être le prouve grandement. Il est crucial que toutes les parties prenantes, à savoir le gouvernement haïtien, les organisations humanitaires et la communauté internationale unissent leurs efforts. Une réponse concertée et durable doit être de donnée pour répondre aux besoins urgents des déplacés internes et pour s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité en Haïti sans délai.

L’insécurité causée par la légion de gangs, la cherté de la vie ne doivent plus servir de prétextes ou d’excuses pour justifier l’abandon de ces pauvres gens. Il est temps d’agir pour mettre fin à cette crise humanitaire qui vient de s’ajouter aux multiples défis auxquels la population était déjà confrontée.

Fransesce Beauvil
Vant Bef Info (VBI)

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