Les jeunes, face au choix d’intégrer un gang ou de résister

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Le recrutement des jeunes dans les gangs est un paramètre non négligeable dans la délinquance juvénile et le phénomène de l’insécurité qui ravage Haïti. Les gangs recrutent souvent des jeunes vulnérables, issus de milieux défavorisés économiquement, en leur promettant protection et soutien financier. Âgés entre 13 et 25 ans, ils constituent le noyau de la bande et leur est utile à plusieurs niveaux. Ces jeunes se retrouvent piégés dans un cycle de violence et de criminalité, mettant en péril leur avenir et celui de leur communauté.

Port-au-Prince, le 18 Avril 2024.- Exploitant la situation de pauvreté et d’instabilité qu’ils ont eux-mêmes causé, les gangs recrutent de nouveaux membres. Souvent très jeunes, ils deviennent rapidement la cheville ouvrière des bandes criminelles. Trafic de drogue, extorsion et violence armée, ces jeunes sont souvent recrutés de force, menacés ou séduits par un mode de vie illicite qui leur promet richesse et pouvoir.

Pour quelques-uns, être membre d’un gang est la seule façon de se protéger dans certains quartiers. Pour d’autres, pas questions de s’associer à des bandits et ce, quelles que soit les circonstances.

Résister ou flancher ?

« En 2018, j’avais à choisir entre continuer mes études ou devenir membre d’un groupe armé à Martissant. J’ai dû quitter la zone pour poursuivre l’école », confie Léon Clervaux, étudiant finissant en droit, à la FDSE. « Des amis avec qui j’ai grandi sont devenus membres de gangs. Beaucoup d’entre eux sont déjà morts, d’autres sont montés en grade », poursuit-il.

« Je leur donnais un plat chaque jour. Ils échangeaient des services pour presque rien. Près d’une douzaine. Ne pouvant plus résister à la misère, ils ont tous intégrer le camp des méchants à présent », témoigne Claudette, une commerçante au Champ de Mars.

Une possible réinsertion

« Les autorités haïtiennes doivent prendre des mesures pour lutter contre ce phénomène en offrant des alternatives aux jeunes, telles que l’éducation, la formation professionnelle et l’accès à des emplois décents », pense Jean-Louis Kendy, professeur de mathématiques au Collège Adonaï. Il souligne qu’il est également important de renforcer les institutions chargées de l’application de la loi pour lutter contre l’impunité des gangs et protéger les jeunes contre le recrutement forcé.

Jean-Louis Mathieu, 27 ans, a décroché son diplôme de baccalauréat depuis 2017, mais il est impossible pour lui de les récupérer. « Tu penses qu’un jeune, habitué à faire de l’argent facile, va travailler pour gagner pas même un quart, de ce que peut lui rapporter le gang, pendant un mois », argumente ce dernier.

En fait, le recrutement des jeunes dans les gangs est un symptôme d’inégalités sociales et économiques qui persistent en Haïti. Il est essentiel de résoudre ces problèmes pour offrir un avenir meilleur aux jeunes et construire une société plus juste et pacifique.

D’un autre côté, il est essentiel de remembrer les institutions responsables du développement psycho-social et de l’épanouissement de l’individu telles la famille, l’école et les établissements religieux. Aussi, faut-il souligner la nécessité pour les jeunes de bien jauger et réfléchir sur leur avenir. Car, l’espérance de vie d’un membre de gang dépasse rarement les 30 ans. Ils sont parfois cueillis à froid par les forces de l’ordre, assassinés par l’un des leurs ou encore exposés à la vindicte populaire : BWA KALE !

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

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