Haïti: Des parents et des professeurs plongés dans l’inquiétude face à la montée de l’insécurité

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Les écoles sont touchées par l’insécurité qui affecte le pays. Si des mesures sont annoncées par les ministres de la justice et de l’éducation nationale, l’inquiétude des parents et des professeurs continuent de grandir. Un reporter de Vant Bef Info a rencontré quelques-uns d’entre eux.

Port-au-Prince, le 13 mars 2023.- Sur le promontoire de Delmas 19, des parents sont à la file indienne, ce lundi 13 mars 2023. Ils s’activent dans un contexte de changement d’heure. Ces derniers conduisent leurs enfants dans une école située dans la zone, moins touchée par rapport à celles qui se trouvent au centre ville de Port-au-Prince.

Jacques a deux filles qui fréquentent cette école. Il n’a pas caché sa préoccupation face à la montée des actes de violence.

« Le pays devient invivable. Les écoles ne sont pas épargnées alors que même en tant de guerre les écoles devraient être protégées. Difficile de penser que les enfants vont pouvoir apprendre dans de telles conditions. Il faut que cela change », a fait savoir Jacques visiblement touche par ce climat de terreur qui s’installe dans le pays.

Pour sa part, Gérôme habite sur la route de l’Aéroport. Il a aussi une fillette dans cette école congréganiste située à Delmas 19 et deux garçons dans une école au Centre-ville de Port-au-Prince. Il souligne que les enfants refusent de se rendre à l’école en raison des tirs entendus lors des affrontements, la semaine dernière, entre gangs rivaux, ainsi que les nouvelles relatives à un professeur victime en pleine salle de classe.

« Depuis l’éclatement de la guerre à Solino, les enfants ont reeellement peur. Parfois pour aller à l’école, c’est par Delmas 24 qu’il faut passer. Ils ne veulent plus aller à l’école. Ils ont passé la deuxième semaine de travail du mois de mars à la maison. C’est une situation qui nous fait du mal comme parents.

D’énormes sacrifices sont nécessaires, en ces temps difficiles, pour trouver de quoi payer les frais scolaires alors que les activités éducatives pour cette années laissent à désirer », regrette le natif de Port-de-Paix qui appelle à ce que des mesures soient prises pour résoudre le problème de l’insécurité.

Les mesures annoncées par le MENFP et MJSP n’ont pas dissipé les inquiétudes

Au sujet des mesures annoncées par les Ministres de la justice et de la sécurité publique et de l’éducation Nationale et de la Formation Professionnelle, certains parents interrogés sur les résultats escomptés, se montrent sceptiques Ils expliquent:

 » On dit qu’on va placer des policiers devant les écoles alors que les enfants n’habitent pas dans les écoles. Ils doivent laisser leurs maisons chaque jour pour aller à l’école. Mais aussi à la fin de la journée, ils doivent rentrer chez-eux. Est-ce qu’il y aura un policier pour chaque écolier »?, se demande Amos qui croit que le problème de l’insécurité devrait être abordé de manière plus profonde.

Esther, mère de deux écolières, dénonce elle aussi, le comportement des deux ministres en question.

 » Présence policière devant les écoles. Quelle école? Les écoles congréganistes? Est-ce qu’ils ont mis de policiers devant les écoles à Martissant, au Bel’ Air à Liancourt où à Canaan entre autres. Ils doivent cesser cette hypocrisie », explique la jeune dame.

Elle plaide en faveur de l’adoption de mesures drastiques pour mettre fin au règne des gangs dans le pays.

Des professeurs veulent plus de garanties pour travailler

Entre l’enlèvement, blessure par balles et assassinats, certains enseignants ont connu l’enfer durant cette année académique 2022-2023, selon des témoignages. De quoi porter certains d’entre eux à laisser le pays pour fuir ce climat de terreur instauré par les groupes armés. Et dans ce contexte, des professeurs disent vouloir plus de garanties pour continuer à faire le travail, à l’instar de Frantz, professeur de français dans une école publique au centre ville de Port-au-Prince.

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 » En plus du mauvais traitement infligé aux professeurs, aujourd’hui on est face a une autre réalité qui nous affecte tous, c’est l’insécurité. Il ya quelques jours on a appris qu’un professeur a reçu un projectile en pleine salle de classe. Donc comment demander aux élèves et aux enseignants de cette école de travailler en toute quiétude », se demande Frantz qui appelle à un sursaut pour sauver le pays face aux groupes armés.

En tout cas, il ne reste qu’à attandre les résultats des mesures annoncées par les autorités éducatives et judiciaires.

Azaine Mauryle

Vant Bèf Info ( VBI)