Fin des travaux de construction du canal sur la rivière Massacre, symbole du « KONBIT » haïtien

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La construction du canal sur la rivière Massacre, située dans le département du Nord-Est d’Haïti, est en voie d’achèvement. Reprise en août 2023 par les habitants de Ouanaminthe et de Ferrier, avec le soutien de divers secteurs du pays et de la diaspora, elle constitue un véritable symbole d’union, d’entraide et de solidarité.

Ouanaminthe, le 17 avril 2024.- Plus de 3 000 hectares de terres dans la plaine de Maribaroux, située dans le département du Nord-Est d’Haïti, ne dépendaient que de l’eau de pluie pour l’irrigation, alors qu’une rivière coule à proximité, en l’occurrence la rivière Massacre.

Conscients de cette situation, l’ancien président Jovenel Moïse et son gouvernement avaient entrepris la construction d’un système d’irrigation à partir de ce cours d’eau afin de promouvoir le développement de la production agricole.

Face à l’urgence, le peuple prend les choses en main

Débutée en juin 2019, la construction du système d’irrigation était assurée par l’entreprise Cubaine DINVAI. Cependant, le projet a été interrompu en 2021 après l’assassinat du président Moïse en juillet de la même année.

Selon les techniciens impliqués, 60 % des travaux avaient déjà été réalisés par la firme cubaine avant son retrait.

Confrontés à un manque criant d’eau pour irriguer leurs terres, les habitants des communes de Ferrier et de Ouanaminthe ont décidé de reprendre les travaux de construction du canal, en août 2023.

L’opposition dominicaine, de l’huile dans le moteur du projet

Mécontent de l’avancement des travaux, le président dominicain, Luis Abinader, a procédé à la fermeture des frontières binationales.

En vue de donner une réponse à cet acte, des paysans haïtiens ainsi que des organisations sociales, culturelles, religieuses, politiques et des entrepreneurs soutiennent les travaux comme un devoir de fierté nationale.

Ils ont fait feu de tout bois pour atteindre leur objectif malgré les menaces et les sanctions dominicaines contre des personnalités engagées dans ce projet.

Déterminés à mener à bien ce projet malgré l’opposition de la République voisine et les menaces qui pesaient sur eux, ils ont lancé le slogan « KPK » « Kanal la Pap Kanpe » ou le canal ne va pas s’arrêter.

Un projet à bailleur de fonds populaire

La construction du canal sur la rivière Massacre n’a reçu jusqu’à ce jour aucune aide ou soutien important de l’État haïtien, si ce n’est le support des patriotes haïtiens venant d’horizons divers.

« Nous avons fait ce que l’État n’a pas su faire depuis 2013. C’est grâce à la solidarité de la population que les travaux ont pu avancer. Nous ne faisons pas totalement confiance aux autorités », a martelé l’ingénieur Wideline Pierre, porte-parole du comité en charge de la construction du canal, dans une interview le 26 octobre 2023.

En outre, quelques jours plus tard, soit le 29 octobre, le comité en charge de la construction du canal a reçu une somme de 21 millions 308 mille 605 gourdes, et 40 mille 277 dollars ont été collectés directement par des supporters haïtiens.

Quand l’union et la solidarité paient

Avec ce nouvel accès à l’eau, longé sur 55 km avec 2,6 kilomètres de canal connectés directement à l’ancien colonial restauré, les habitants de Ouanaminthe et ses environs auront accès à 1,5 mètre cube (m³) d’eau par seconde avec des vannes d’une largeur de 1,50 mètre pour l’irrigation de leurs 3 000 hectares de terres qui, autrefois, étaient à la merci des pluies.

Les agriculteurs de la plaine de Maribaroux pourront multiplier les productions agricoles en une seule saison. Selon les experts, le canal permettra de cultiver une variété de produits tels que le petit mil, la carotte, la papaye, l’aubergine, le chou et le navet.

Plus qu’un simple canal, cette initiative exemplaire suscite chez les Haïtiens un sentiment patriotique afin de donner une réponse positive à ce que pensent certaines personnes sur les divergences de choix.

« Je suis fier de cette réalisation, je sens en moi la force de Dessalines, la confiance de Toussaint Louverture. Je travaille ici nuit et sans me sentir fatigué. Une fois pour toute, nous envoyons une image positive vers l’extérieur », a déclaré un travailleur volontaire engagé dans les travaux qui se décerne un satisfecit.

Le canal sur la rivière Massacre est un symbole d’espoir et d’unité pour le peuple haïtien. Il démontre que, face à l’adversité, il est possible de réaliser de grandes choses en s’unissant et en travaillant ensemble. Comme dit le viel adage : « L’union fait la force ».

Ne serait-ce pas louable si la classe politique s’inspirait de cette synergie pour sortir le pays du marasme dans lequel il est plongé ?

Malia Balan

Vant Bef Info (VBI)

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