Carte de débit des policiers: Léon Charles met en doute les conclusions du rapport de l’ULCC

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L’ancien directeur général de la Police Nationale d’Haïti, Léon Charles réagit après la publication des rapports de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) sur la mauvaise gestion des anciens responsables de l’État où il est épinglé. Reconnaissant l’importance de la mission de l’ULCC, Léon Charles souligne toutefois que les conclusions du rapport concernant la PNH sont hâtives, tendancieuses et frappées de partialité.

Port-au-Prince, le 29 août 2022.- L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a publié la semaine dernière, une liste d’une dizaine de personnalités et institutions publiques ayant fait une mauvaise gestion des fonds publics mis à leur disposition.

Parmi ces personnalités dont la liste a été acheminée au Commissaire du gouvernement pour les suites judiciaires, on retrouve l’ancien directeur général de la Police Nationale d’Haïti, Léon Charles.

Dans une note rendue public le week-end écoulé, le Cabinet particulier de Léon Charles a donné sa compréhension des faits et exprimé des réserves autour des conclusions du rapport de l’ULCC.

Léon Charles dit reconnaître l’importance de la mission de l’ULCC à combattre la corruption qui, selon lui, est un fléau qui constitue un frein au développement du pays et qui réduit la capacité de l’État à fournir les services sociaux de base à la population en général et aux citoyens les plus démunis en particulier.

Toutefois, Léon Charles estime que les conclusions du rapport de l’ULCC sont hâtives, tendancieuses et frappées de partialité pour plusieurs raisons.

D’abord, Léon Charles souligne que l’ULCC a considéré seulement trois mois (décembre 2020 à février 2021) pour initier son enquête alors qu’elle devrait s’étendre à partir de la première année de la distribution des cartes de débit qui remonte à l’année 2008.

Selon lui, cela permettrait de voir s’il s’agit d’un problème administratif systémique de la PNH ou des manœuvres délibérées imputables seulement au directeur général Léon Charles.

Selon l’ex-patron de la PNH, le rapport s’est concentré sur une période restreinte de trois mois alors que ces avantages sont attribués dans les mêmes conditions aux policiers depuis 168 mois, soit plus de 14 ans et sous l’administration de six directeurs généraux qui ont dirigé l’institution policière de 2008 à 2022.

« Il serait alors intéressant de voir si les irrégularités alléguées n’existaient pas déjà avant la prise de fonction du DG Léon Charles. Pourquoi donc cet acharnement sur un seul directeur général? », se demande Léon Charles.

L’ex-commandant en chef de la PNH souligne à travers ce communiqué, que la disparité relevée dans la comparaison des rapports de la Banque Nationale de Crédit et des listes fournies par la PNH ne pourrait permettre de conclure que les fonds déposés sur les cartes des prétendus absentéistes aient été empochés par l’ex DG Léon Charles lui-même ou par tout autre directeur général l’ayant précédé à cette fonction.

Le Cabinet particulier de l’ex-DG Léon Charles souligne par ailleurs que les enquêteurs de l’ULCC ont choisi la méthode d’échantillonnage pour conclure qu’un seul DG est coupable de faute de gestion alors que cette approche aurait dû leur permettre de recueillir des renseignements sur les 14 ans d’octroi de cet avantage afin de tirer des conclusions sur l’administration de la PNH en général.

Selon le Cabinet particulier de Léon Charles, les déficiences de gestion de la PNH, pour autant qu’elles soient avérées, méritent d’être corrigées et les rapports de l’ULCC et de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif peuvent aider à les corriger et assainir les finances de l’institution.

Selon le communiqué, cela permettrait notamment de rendre automatique la radiation des listes des bénéficiaires du personnel révoqués, suspendus, démissionnaires ou décédés.

« Toutefois, en dépit de ces dysfonctionnements, on ne pourra prouver que l’ex-DG Léon Charles en ait bénéficié personnellement », poursuit le Cabinet particulier de Léon Charles.

Estimant que les conclusions du rapport de l’ULCC sont hâtives, tendancieuses et frappées de partialité, l’ex-DG de la PNH dit souhaiter que l’ULCC prenne en compte ses considérations, en vue, dit-il, de conserver la tradition d’objectivité de l’institution.

Plus loin, Léon Charles dénonce ce qu’il appelle une campagne de dénigrement orchestrée contre lui depuis sa démission à la tête de la PNH. Il accuse certaines organisations de la société civile de concert avec des chefs de gangs armés et des cadres de la police qui, dans leurs manœuvres déloyales envers tous les directeurs généraux, contribuent à affaiblir l’institution policière, conclut le communiqué.

Dans son rapport, l’ULCC a demandé au Commissaire du gouvernement de mettre l’action publique en mouvement contre Léon Charles pour avoir provoqué une perte de 18 millions 240 mille gourdes dans l’économie sur une période de trois mois.

Vant Bèf Info (VBI)