Petite Rivière de l’Artibonite : ville assiégée, habitants abandonnés face aux gangs

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Sous le joug des gangs de Savien, Petite Rivière de l’Artibonite sombre chaque jour un peu plus dans la violence et la désolation. Pillages, viols, incendies, et enlèvements deviennent monnaie courante, tandis que l’État reste spectateur. Les habitants, démunis, implorent une intervention urgente pour mettre fin aux exactions qui les déciment.

La montée en puissance des gangs

Petite Rivière de l’Artibonite, le 28 octobre 2024 – Le gang « Gran Grif » de Savien étend son emprise, multipliant les incursions dans les quartiers de Petite Rivière et forçant les résidents à fuir. Malgré la présence policière sur la route nationale #1, les malfrats envahissent Deslaunier et Jumelles, semant le chaos et provoquant le déplacement de milliers de personnes. Plus de 25 000 habitants ont été contraints de quitter leurs foyers, redoutant chaque jour un nouveau déferlement de violence.

Une population en détresse

Les récits des habitants dressent un tableau accablant : des maisons incendiées, des commerces pillés, et des citoyens blessés par balles, même à l’intérieur de leur propre domicile. Dans une situation qualifiée de « chaotique », les assauts des bandits n’épargnent ni les hommes, ni les animaux, décapitalisant ainsi les paysans. « Ils chassent nos animaux, nos chèvres, bœufs et porcs ; nous n’avons plus rien, » déplore un paysan. Ce cycle de terreur laisse la population rivartibonitienne épuisée, désespérée, mais surtout oubliée.

Critiques envers l’État et les groupes armés locaux

« Est-ce que les forces de l’ordre vont s’allier à un gang pour en chasser un autre ? », s’interrogent des citoyens. La présence du groupe armé « Coalition », qui surveille les déplacements vers les communes voisines, aggrave l’inquiétude. Bien qu’ils comprennent l’intention du groupe, les résidents craignent un revirement de ce dernier, comme cela a été le cas pour le groupe de Palmiste, qui a fini par rejoindre les criminels de Savien.

Des tribunaux de fortune : la justice entre les mains des bandits

Les gangs, en plus de leurs exactions, instaurent leur propre « justice ». Ils imposent des jugements improvisés, forçant les habitants à payer des « frais de jugement » sous menace. « Alors que je discutais au marché communal, l’un des chefs de gang, ‘Olritch’, est intervenu et nous a exigé de payer 5 000 gourdes comme frais de jugement », témoigne une femme qui a depuis fui la commune.

Les autorités communales, contactées par Vant Bèf Info, n’ont offert qu’un « Tout à Jésus » en guise de commentaire. Face à cette abdication, les habitants de Petite Rivière lancent un appel désespéré pour que l’État prenne enfin ses responsabilités et empêche une catastrophe imminente dans l’Artibonite.

Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)

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