Insécurité : La prière à elle seule ne suffit pas, avouent des chrétiens appelant l’Eglise à un réveil
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Assassinat, kidnapping et viol, entre autres, éléments qui noircissent le tableau du quotidien des familles. Les gens vivent dans la plus grande peur et l’angoisse total notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. En cette période de Pâques, Jeunes, moins jeunes et vieux appellent l’Eglise dans son ensemble à la mobilisation contre l’insécurité en particulier le Kidnapping.
Port-au-Prince, le 9 avril 2023.- La détérioration du climat sécuritaire a même poussé cette année certaines paroisses de la zone métropolitaine à revoir le parcours généralement défini pour le traditionnel chemin de croix du vendredi saint. C’est le cas pour l’Église Notre-Dame Alta-grâce dont la traditionnelle procession n’a pas longé l’autoroute de Delmas jusque vers carrefour de l’aéroport.
Cependant, à Port-au-Prince, des fidèles catholiques, quoique réduits, par rapport aux années précédentes, ont marché sous le thème : « Tèt Ansanm pou n mache ak Jezi ». Une sexagénaire interrogée confie avoir prié Dieu pour qu’ »il intervienne par son omnipotente et enrayer le phénomène du kidnapping, soulager la cherté de la vie et résoudre globalement l’insécurité afin que les enfants puissent aller à l’école en toute quiétude ».
» On a kidnappé prêtre, Monseigneur, pasteur, Hougan, on ne peut pas rester seulement dans la prière. Les leaders religieux doivent se réveiller pour dire non au Kidnapping », fulmine un fidèle catholique en pleine procession du vendredi saint. Non loin de ce dernier, à quelques pas de la fameuse « tour 2004 », une chrétienne, proche de la cinquantaine, se plonge dans un questionnement. « Où sont les dirigeants de l’Eglise Catholique, Témoin de Jéhovah, Adventiste, Protestante…?. Où sont les pasteurs qui s’étaient mobilisés contre Jovenel Moïse ? », s’interroge-t-elle, laissant transparaître toute sa rage et sa colère de ne pas pouvoir vaquer à ses activités à cause des violences des gangs.
Appel à une prise de conscience des élites
11h30 du matin, dimanche de Pâques, moment de grande célébration de la résurrection de Jésus Christ à l’Eglise évangélique Golgotha de Delmas 33. Entre quelques prises de photo pour immortaliser cet instant et des commentaires sur l’unique culte du jour, quatre jeunes, tous dans la vingtaine, décident de déballer leur cœur sur la crise multidimensionnelle qui ronge le pays. L’un d’entre eux se veut clair: Il ne voit pas son avenir en Haïti. L’échec de la gestion politique du pays le rend très amer, le dégoût est palpable sur son visage. Il est dans la survie. Un potentiel candidat pour l’exil.
Un autre de ce groupe de jeunes chrétiens pointe du doigt des politiques et éléments de la classe économique dans la détérioration du climat sécuritaire et l’augmentation vertigineuse du coût de la vie. Sans entrer des détails, le jeune homme appelle à une prise de conscience des élites de manière à résorber le phénomène de l’insécurité et de redonner espoir au peuple haïtien.
La PNH est capable de juguler l’insécurité
Alors qu’une vingtaine de policiers sont déjà tombés sous les balles des bandits de Janvier à 9 avril 2023, les jeunes questionnés pensent que la Police Nationale peut combattre les gangs. Mais le hic, c’est le manque de volonté politique, analysent-ils. Ces jeunes nés et grandis à Delmas 2, zone infestée de bandits armés, se disent découragés.
Ces jeunes Chrétiens plaident en faveur d’une volonté manifeste et des moyens adéquats capables de permettre aux policiers de bousculer les groupes armés qui sèment le deuil au sein de la société haïtienne.
Des démarches entreprises en vue de recueillir l’opinion de certains leaders religieux autour l’appel des fidèles se sont révélées vaines.
Il importe noter que le Pape François, dans son message de dimanche de Pâques, notamment dans sa bénédiction Urbi et Orbi a prié pour le peuple haïtien en proie à l’insécurité, la faim et une inflation galopante réduisant au plus bas le pouvoir d’achat des ménages dont bon nombre sont appauvris par le versement de rançon pour eux ou des proches enlevés.
Jean Allens Macajoux
Vant Bèf Info ( VBI)