Politique : Frinel Joseph ou le gérant qui vient fermer la barrière après le passage des cabris

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Silencieux depuis son installation, Frinel Joseph, membre observateur du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et chargé des affaires électorales, prend enfin la parole dans une lettre publique adressée à ses collègues. À huit mois de la fin du mandat transitoire, il dresse un constat d’échec et tente d’appeler à un sursaut.

Port-au-Prince, 16 juin 2025 — Il était jusqu’ici l’une des figures les plus effacées du Conseil Présidentiel de Transition. Frinel Joseph, pourtant désigné pour superviser les affaires électorales au sein du CPT, avait gardé un mutisme prolongé. Cette absence lui avait valu de nombreuses critiques, au même titre que l’autre membre observatrice, Régine Abraham tous deux jugés invisibles et inutiles dans une instance gangrenée par les querelles internes et l’inefficacité.

Mais ce 16 juin 2025, Frinel Joseph brise enfin le silence. Dans une lettre officielle adressée à ses huit collègues, il livre un constat implacable sur l’état du Conseil. Une sortie tardive, certes, mais d’une rare franchise. Celui que l’on croyait relégué au rôle de figurant adopte une posture critique, s’indigne des dérives, dénonce les dysfonctionnements, et tente, à moins de huit mois de la fin de la transition, de provoquer une prise de conscience.

Une parole ferme, presque désespérée, qui surgit alors que le CPT est enlisé dans les blocages politiques, paralysé par les luttes d’influence, et miné par une méfiance généralisée.

Dans sa correspondance, Frinel Joseph rappelle les missions fondatrices du CPT : restaurer la sécurité, conduire un référendum constitutionnel, et organiser les élections pour remettre le pouvoir le 7 février 2026. Il salue certaines avancées — la mise en place du gouvernement d’Alix Didier Fils-Aimé, l’installation du comité de pilotage de la Conférence nationale, ou encore la formation du Conseil électoral provisoire. Mais il déplore surtout un climat de dysfonctionnement chronique, où les querelles internes étouffent les décisions essentielles.

Il affirme que les membres observateurs, notamment lui-même et Régine Abraham, ont tenté de proposer des pistes d’amélioration : un code d’éthique, surtout après l’affaire de la BNC ; des appels à la transparence sur les dépenses ; une alerte sur les effets néfastes de la présidence tournante. Autant de suggestions restées lettres mortes. Il évoque également le refus du Conseil de communiquer publiquement sur les soupçons de favoritisme financier, préférant le silence à la clarification.

Pour enrayer cette paralysie, Frinel Joseph propose une retraite urgente entre conseillers, des échanges avec les forces vives du pays, une communication plus régulière vers la population, et surtout, l’adoption rapide d’un décret référendaire permettant au CEP d’avancer. Des solutions qui, selon lui, pourraient encore sauver le processus.

D’autant plus que, sur le plan international, la crédibilité de la transition s’effondre : Haïti vient d’être placée sur la liste noire des États-Unis, empêchant actuellement ses citoyens d’obtenir des visas. Une sanction symbolique mais lourde, qui reflète le regard critique de la communauté internationale sur l’échec du CPT à tenir ses engagements.

La situation du Conseil a des répercussions directes sur le pays. La crise humanitaire s’intensifie de façon vertigineuse. Rien que pour la première moitié de l’année 2025, on compte près de 1,3 million de déplacés internes, selon l’OIM. Pire encore : plus de 2 000 personnes tuées. Ces chiffres traduisent l’amplification d’une crise devenue incontrôlable.

Nous en sommes déjà à la troisième rotation de la présidence tournante, et à ce jour, deux Premiers ministres ont été nommés. Les soupçons de corruption, eux, sont devenus les tubes quotidiens de cette transition chaotique.

Dès lors, cette sortie tardive du conseiller-président Frinel Joseph, jusqu’ici absent des débats, interroge. Est-il encore temps de redresser la barre ? N’est-ce pas trop peu, trop tard ? Alors que le CPT est paralysé et que le pays attend des signaux forts, les appels du « gérant Frinel » ressemblent à une tentative de refermer la barrière… après le passage des cabris.

Car pour l’heure, ce ne sont que des paroles. On frappe le tambour, certes… mais la danse se fait toujours attendre.

Selon des figures politiques connues.
Après plus de douze mois au sein de la structure présidentielle éclaboussée décriée, l’heure est venue pour M Joseph et ses paires de rendre le tablier, car ils ont tous piteusement échoué. Le constat est sans appel.

Vant Bèf Info (VBI)

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