La souveraineté en péril face à la dépendance internationale

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Alors que la crise sécuritaire et institutionnelle s’aggrave, les appels à l’aide internationale se multiplient à tous les niveaux de la classe politique haïtienne. Autorités en place et opposants sollicitent tour à tour les partenaires étrangers, révélant une inquiétante érosion de la souveraineté nationale.

Port-au-Prince, le 15 mai 2025 –Le pays traverse l’une des pires périodes de son histoire récente. L’État est affaibli, absent dans plusieurs zones contrôlées par des groupes armés. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées, sans protection ni soutien public. Face à cette faillite de l’appareil étatique, les regards se tournent vers l’extérieur : ONU, BINUH, ambassades occidentales et désormais, la CARICOM.

Une souveraineté déléguée

Dernier exemple en date : la lettre adressée à Kenny Anthony, coordonnateur du Groupe des Éminentes Personnalités (GEP) de la CARICOM, afin de trancher des questions politiques internes. Une démarche qui s’inscrit dans une série d’initiatives où des responsabilités strictement nationales sont confiées à des instances étrangères.

« C’est comme si nos autorités ne se faisaient plus confiance. Elles délèguent notre destin à d’autres », confie un ancien diplomate haïtien, soulignant une perte de confiance généralisée dans les mécanismes internes de résolution de crise.

L’exemple dominicain en contraste

Pendant que les responsables haïtiens multiplient les sollicitations extérieures, la République dominicaine adopte une stratégie inverse. Le 14 mai, le président Luis Abinader a convoqué une réunion de concertation avec trois anciens chefs d’État – Leonel Fernández, Hipólito Mejía et Danilo Medina – pour discuter de la situation en Haïti. Une démonstration d’unité nationale que beaucoup estiment absente du côté haïtien.

Un pays fragmenté, une gouvernance vacillante

Sur le terrain, la réalité est dramatique. À Port-au-Prince, des quartiers entiers échappent au contrôle de l’État. Les gangs imposent leur loi, tandis que des familles entières fuient vers des abris de fortune dans des écoles, des places publiques ou chez des proches.

Face à cette dégradation, l’incapacité du leadership politique à adopter une position cohérente soulève de nombreuses critiques. « Les dirigeants ne sollicitent pas l’international pour résoudre la crise. Ils le font pour peser dans des luttes de pouvoir internes », estime un analyste politique local.

Un tournant historique ?

Malgré les discours souverainistes affichés dans les forums internationaux, les actes traduisent une gouvernance fragile, largement dépendante de soutiens extérieurs. Et une question reste en suspens : l’histoire retiendra-t-elle qu’en pleine débâcle nationale, les leaders haïtiens ont préféré écrire aux éminents de la CARICOM, plutôt que de s’asseoir entre eux pour reconstruire la nation ?

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

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