La ministre Ketleen Florestal s’engage a restructurer le Ministère de la Planification et de la coopération externe

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« Le ministère que je connaissais lorsque je travaillais aux Finances n’est plus le même. » C’est avec cette phrase que la ministre Ketleen Florestal a dressé un état des lieux sans concession du Ministère de la Planification et de la Coopération externe (MPCE) alors qu’elle intervenait aux micros de nos confrères de Magik 9.

Pétion-Ville, le 17 mars 2025. – Entre une augmentation non maîtrisée des effectifs (+40% en quelques années), la fuite des compétences vers d’autres institutions et une perte de crédibilité auprès des partenaires nationaux et internationaux, le MPCE fait face à une crise profonde. « Beaucoup de grands techniciens ont quitté l’administration, soit en raison de l’émigration, soit parce qu’ils ont trouvé de meilleures opportunités ailleurs », regrette Mme Florestal.

Un ministère vidé de ses compétences et miné par le clientélisme

L’une des principales difficultés rencontrées par la ministre Florestal réside dans la qualité du personnel encore en poste. Si l’effectif du MPCE a considérablement augmenté ces dernières années, cette hausse ne s’est pas traduite par une amélioration des compétences techniques au sein du ministère. « Ce n’est pas une augmentation en termes de cadres qualifiés dans la plupart des cas », précise-t-elle.

Pire encore, la gestion des ressources humaines au MPCE a été marquée par des pratiques douteuses. Plusieurs employés perçoivent un salaire sans jamais se présenter au travail. « Certains fonctionnaires sont absents depuis deux ans et continuent de percevoir leur chèque. Aucun suivi n’a été effectué, aucune notification n’a été envoyée pour justifier cela », s’indigne la ministre.

Face à cette situation, la ministre a lancé plusieurs chantiers d’assainissement, notamment un audit institutionnel mené avec l’appui du PNUD. Parmi les mesures phares annoncées : un contrôle plus strict des effectifs et une distribution manuelle des chèques de salaire pour identifier les employés fantômes. « Nous avons découvert des cas d’agents payés alors qu’ils vivaient à l’étranger, ou encore des directeurs partis en formation depuis deux ans qui continuaient de percevoir leur salaire », dénonce-t-elle.

Réformes pour des avantages sociaux plus équitables

Au-delà des problèmes de personnel, la ministre Florestal s’attaque également aux abus liés aux avantages sociaux. « Nous avons identifié des pratiques abusives, comme des distributions injustifiées de cartes de débit et d’indemnités pétrolières », souligne-t-elle.

Jusqu’à présent, l’octroi de ces avantages manquait de transparence et profitait souvent à des employés bénéficiant de passe-droits, au détriment des fonctionnaires réellement impliqués dans le bon fonctionnement du ministère. « Nous devons instaurer des critères clairs et objectifs pour l’attribution des avantages sociaux, afin d’assurer plus d’équité », insiste la ministre. Un comité d’évaluation est en cours de création pour revoir l’ensemble des allocations et indemnités octroyées aux employés du MPCE.

Une réforme administrative et organisationnelle pour un ministère plus efficient

L’un des axes majeurs de la restructuration concerne l’organisation interne du MPCE. La ministre Florestal veut mettre en place un cadre administratif plus efficace, avec des procédures rationalisées et une meilleure gestion des ressources humaines.

« Nous devons passer d’une administration de complaisance à une administration de performance », affirme-t-elle. Cela implique une révision des missions des différentes directions du ministère, une meilleure répartition des responsabilités et une gestion plus rigoureuse du personnel.

La réforme prévoit aussi une modernisation des outils de travail, notamment la numérisation de certains services administratifs pour améliorer la traçabilité et réduire les lourdeurs bureaucratiques. « Une administration modernisée est une administration plus efficace. Il est temps d’adopter des pratiques adaptées aux réalités actuelles », martèle la ministre.

Réformes dans la gestion des projets et des relations internationales

Autre défi de taille : la gestion des projets et la relation du MPCE avec les partenaires internationaux. Pendant des années, plusieurs projets ont été lancés sans un suivi efficace, entraînant des pertes financières et une inefficacité dans l’exécution des programmes de développement.

« Il est indispensable que le MPCE retrouve son rôle de supervision et de coordination des projets financés par des bailleurs », souligne Mme Florestal. Désormais, tous les accords de coopération devront passer par le ministère, afin de garantir une meilleure cohérence et éviter les chevauchements.

Par ailleurs, des mécanismes de suivi plus rigoureux seront mis en place pour s’assurer que les financements reçus sont utilisés de manière optimale. « Nos partenaires doivent avoir confiance en notre capacité de gestion. Une meilleure gouvernance des projets renforcera la crédibilité du pays auprès des bailleurs », estime la ministre.

Un défi nécessaire pour restaurer la crédibilité du ministère

Si la tâche s’annonce ardue, la ministre se dit déterminée à redonner à son institution un rôle clé dans la gouvernance publique. « Mon objectif, durant mon mandat, est de renforcer la structure et d’assainir le ministère », affirme-t-elle. Pour y parvenir, elle compte sur l’appui d’organismes internationaux et sur une collaboration renforcée avec d’autres institutions gouvernementales.

« Le chemin est encore long, mais les premières mesures sont en place », conclut Mme Florestal. Entre lutte contre la mauvaise gestion, modernisation administrative et recentrage du MPCE sur ses missions essentielles, la réforme en cours pourrait bien être le point de départ d’une nouvelle ère pour la planification et la coopération externe en Haïti.

Vant Bef Info (VBI)

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