Haïti : Quid des accords politiques post-Jovenel Moïse face à la crise actuelle ?

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Paralysie politique et insécurité persistante

Port au Prince, le 15 mars 2025
Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, la crise politique haïtienne ne cesse de s’intensifier. Malgré les promesses d’une transition stable, la situation du pays demeure marquée par une instabilité profonde et l’absence d’une feuille de route claire. Les accords politiques censés ouvrir la voie à une solution durable semblent s’être évaporés dans un climat d’incertitude, aggravé par la montée en puissance des gangs armés et la paralysie des institutions publiques.

Des tentatives de transition avortées

Après l’assassinat de Jovenel Moïse, plusieurs acteurs politiques et internationaux ont préconisé la mise en place d’un gouvernement de transition en vue d’organiser des élections démocratiques. Différents accords ont été signés, notamment l’accord de Montana, l’accord de Louisiane et l’accord de Kingston, mais ces initiatives n’ont pas permis de débloquer la crise.

Le 11 septembre 2021, un accord prévoyant la formation d’un gouvernement intérimaire et la préparation des élections a été signé par plusieurs acteurs politiques haïtiens. Cependant, il n’a pas réussi à instaurer un cadre politique viable. Le Premier ministre Ariel Henry, désigné à la suite du drame, a vu son autorité contestée par l’opposition et des secteurs de la société civile. Ses tentatives de dialogue pour unir les forces vives du pays ont échoué, minées par un climat de défiance généralisé et la fragmentation des factions politiques.

Un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) de neuf membres a été mis en place sous l’égide de la CARICOM. Toutefois, les partis politiques ayant participé à sa formation n’ont pas réussi à s’accorder sur une stratégie de gouvernance claire.

Un leadership politique divisé en panne d’inspirations

L’absence de leadership solide constitue un frein majeur à la mise en place d’un accord politique durable. La scène politique haïtienne est fragmentée, dominée par des factions qui se disputent le pouvoir plutôt que de travailler à un projet commun.

Ce manque de cohésion s’est manifesté au sein du CPT lui-même, qui a modifié l’accord du 3 avril en instaurant une « présidence tournante ». Cette décision a suscité de vives critiques, certains acteurs politiques y voyant une manœuvre pour consolider leur position plutôt que de résoudre la crise.

Par ailleurs, plusieurs figures politiques ont été impliquées dans des affaires liées aux gangs armés. Les récents avis de recherche émis par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) illustrent cette réalité, renforçant l’impasse politique et sécuritaire.

Une communauté internationale insensible

L’Organisation des Nations Unies (ONU) et l’Organisation des États Américains (OEA) ont tenté d’encourager une stabilisation politique, mais leur influence semble s’être affaiblie. Si elles ont multiplié les appels au dialogue, elles n’ont pas réussi à imposer une solution concrète et bénéfique pour le peuple haïtien.

Les conditions de sécurité, combinées à la lenteur des réformes politiques, compliquent l’organisation d’élections. Une large frange de la population est désabusée par l’absence de progrès et redoute un nouveau cycle de violences électorales.

Quel avenir pour Haïti ?

Face à cette impasse, les accords politiques envisagés après l’assassinat du président Moïse semblent relégués aux oubliettes. Pourtant, la nécessité d’une gouvernance inclusive et respectueuse des principes démocratiques reste impérative pour répondre aux urgences du pays.

Sans un véritable engagement des acteurs nationaux et une révision du modèle politique actuel, Haïti risque de s’enfoncer davantage dans la crise. La population, quant à elle, continue d’attendre une issue viable pour un avenir meilleur qui ne semble pas pour demain.

Jean Gilles DESINORD
Vant Bèf INFO (VBI)

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