L’OCNH plaide pour un renforcement de la gouvernance et de la transparence

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Face aux défis persistants de la corruption et du manque de transparence dans la gestion des affaires publiques, l’organisation citoyenne pour une nouvelle Haïti (OCNH) a publié, ce lundi 10 mars 2025, un document proposant plusieurs mesures pour renforcer la bonne gouvernance dans le pays. À travers une série de recommandations, l’organisation insiste sur la nécessité de rendre l’administration publique plus transparente, de protéger les lanceurs d’alerte et d’améliorer les services aux citoyens.

Delmas, le 10 mars 2025- L’un des axes majeurs du document de l’OCNH est la mise en place d’un registre public des contrats et du patrimoine des hauts fonctionnaires. L’organisation estime qu’une telle mesure permettrait de lutter contre l’enrichissement illicite et d’assurer un contrôle citoyen plus efficace sur la gestion des ressources publiques.
Dans cette optique, la société civile est encouragée à exiger la publication en ligne de ces informations et à plaider pour une augmentation du budget alloué aux institutions de contrôle, notamment l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC).
Toutefois, l’OCNH souligne que cette institution souffre d’une instabilité institutionnelle due à l’absence d’un mandat protégé pour son directeur général, souvent soumis à des pressions politiques. L’adoption de mesures législatives garantissant son indépendance est donc jugée essentielle.
De plus, la Commission nationale des marchés publics (CNMP), chargée de superviser les passations de marchés, est pointée du doigt pour ses dysfonctionnements.
L’organisation met en garde contre le favoritisme et les influences politiques dans l’attribution des marchés et plaide pour une réforme garantissant une gestion plus transparente et encadrée.
L’OCNH insiste également sur la nécessité de protéger les lanceurs d’alerte et les journalistes d’investigation, qui jouent un rôle clé dans la lutte contre la corruption. En Haïti, ces acteurs sont souvent exposés à des menaces et à des attaques physiques après avoir fait certaines révélations.
L’organisation propose l’adoption d’une loi inspirée des modèles français et américain, garantissant l’anonymat des dénonciateurs dans les affaires de corruption; la criminalisation des représailles contre les lanceurs d’alerte et la création d’un fonds de soutien pour les journalistes d’investigation.
L’OCNH rappelle que des scandales comme les Panama Papers (2016) ont démontré l’importance d’une presse indépendante et protégée. Pour renforcer ce secteur en Haïti, elle recommande des formations spécialisées pour les journalistes ainsi que des partenariats avec des organisations internationales défendant la liberté de la presse.
Outre la lutte contre la corruption, l’OCNH met en avant l’importance du suivi des politiques publiques pour améliorer la qualité des services aux citoyens. L’organisation propose la création d’un observatoire citoyen de la gouvernance publique, permettant aux citoyens de signaler anonymement les cas de corruption et les dysfonctionnements administratifs via une plateforme numérique.
D’autres pays, comme le Rwanda avec la plateforme Irembo, ont démontré que la digitalisation des services administratifs permet de réduire la bureaucratie et les risques de corruption. L’OCNH recommande aussi la numérisation des documents officiels (cartes d’identité, passeports, actes d’État civil); une gestion modernisée des paiements fiscaux et douaniers et la simplification des démarches pour l’obtention de licences et permis.
Ces réformes viseraient à réduire les interactions directes entre les citoyens et les agents publics, limitant ainsi les opportunités de corruption et rendant les services plus accessibles et efficaces.
Recommandations pour une gouvernance plus efficace
En conclusion, l’OCNH insiste sur la nécessité d’une action concertée entre l’État, la société civile et les institutions de contrôle pour renforcer la transparence et améliorer la gouvernance en Haïti. L’organisation formule des recommandations essentielles: créer un registre public des contrats et patrimoines des hauts fonctionnaires pour garantir la transparence. Assurer l’indépendance et le renforcement budgétaire des institutions de lutte contre la corruption.
L’adoption d’une loi protégeant les lanceurs d’alerte et les journalistes d’investigation pour encourager les dénonciations. La mise en place d’un observatoire citoyen pour surveiller l’action publique et signaler les abus et l’accélération de la digitalisation des services administratifs pour moderniser l’administration et limiter la corruption, entre autres.
Dans un contexte où la corruption et l’inefficacité administrative freinent le développement du pays, l’OCNH appelle les autorités haïtiennes à prendre des mesures concrètes pour restaurer la confiance des citoyens et assurer une gouvernance plus transparente et efficace.
Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)