Fuir ou reconstruire Haïti, une réflexion profonde sur l’avenir du pays

Getting your Trinity Audio player ready...

Le père Jean-Miguel Auguste, dans son analyse, pose un regard sans complaisance sur la situation actuelle d’Haïti. À travers sa réflexion, il aborde l’abandon progressif du pays par ses dirigeants et l’exode massif de sa population. Plus qu’un constat amer, il lance un appel à la prise de conscience et à l’action.

Port-au-Prince, le 08 Mars 2025.-

Un centre-ville délaissé, symbole d’un pays à l’agonie

Le père Auguste revient sur l’un des signes les plus visibles de l’échec des gouvernements qui se sont succédé. Il s’agit de l’abandon du centre-ville de Port-au-Prince après le séisme du 12 janvier 2010. Plutôt que de reconstruire la capitale avec une vision moderne et structurée, les autorités ont préféré la déserter. Elles ont délocalisé les institutions vers Pétion-Ville, Delmas et Tabarre. Un signe sans équivoque de la faillite de l’État. 

Selon lui, cette fuite a eu un effet domino. Le commerce, les écoles et les lieux de culte ont suivi le mouvement. Peu à peu, le cœur historique de la capitale est devenu un territoire livré aux gangs, à l’insalubrité et au chaos.

Le peuple haïtien toujours en transit

Le père Auguste souligne que cet abandon ne concerne pas uniquement les infrastructures.  Le peuple haïtien est aussi abandonné et les conséquences sautent aux yeux . Face à un État incapable de  garantir un avenir meilleur , des milliers de citoyens rêvent de s’exiler au péril de leur vie, peu importe le prix.

Que ce soit vers le Brésil, le Chili, le Mexique, le Canada ou les États-Unis, la migration est devenue une obsession. Certains vendent tout ce qu’ils possèdent et s’endettent. D’autres prennent des risques extrêmes pour fuir. Beaucoup traversent des jungles périlleuses sur les routes de l’exil.

La corruption et la braderie du pays

Au fil de sa réflexion, le père Auguste met également en évidence une autre forme de fuite, plus insidieuse. Il s’agit de la dilapidation des ressources nationales. Il évoque la multiplication des contrats opaques et des projets de vente du territoire. Il cite notamment des accords douteux sur les îles d’Haïti.

Même les puissances étrangères ont pris acte de cette réalité. Le président américain Donald Trump, lors de son premier mandat, avait, à l’époque, évoqué le risque de voir Haïti « mis en vente ». Cette déclaration était choquante. Pourtant, elle reflète tristement la situation actuelle.

Rester et reconstruire: une nécessité historique

Le père Auguste insiste sur l’impérieuse obligatoire de la renaissance d Haïti

 Pour ce faire, un changement radical est indispensable. Ce changement doit concerner à la fois le leadership et la mentalité.  Il  a plaidé  en faveur  de l’esprit d’appartenance  ou du patriotisme qui porte tout un chacun à chérir son pays. 

Face à la crise socio politique persistante, le père  Miguel Auguste 
 propose   l’organisation d’une conférence nationale souveraine. Cet espace permettrait à toutes les forces vives du pays de redéfinir un projet de société viable. Il devrait être axé sur la justice, l’inclusion et la modernisation.

Un nouvel élan de sécurité et d’espoir

Selon lui, un élément récent redonne un mince espoir. Il s’agit de l’introduction des drones kamikaze par les forces de l’ordre pour lutter contre les groupes armés. Cette nouvelle stratégie pourrait marquer un tournant dans la reconquête du territoire national. Elle pourrait également contribuer à la restauration de l’État.

Cependant, le père Auguste insiste sur le fait qu’une véritable volonté politique est nécessaire pour que cette initiative porte ses fruits. Il ne suffit pas d’une avancée technologique. Il faut aussi un engagement total pour restaurer la sécurité et permettre au pays de se reconstruire.

Partir ou rester: un choix à faire

À travers cette réflexion, le père Auguste met chaque Haïtien face à une décision cruciale. Il s’agit de choisir entre continuer à fuir ou s’engager pour rebâtir Haïti. Il souligne que la fuite est devenue la triste norme. Pourtant, la reconstruction peut aussi devenir une dynamique contagieuse si un mouvement collectif est mis en place dès aujourd’hui .

« Haïti a besoin de dirigeants visionnaires. Ces derniers doivent être capables de créer des raisons d’espérer en la transformation véritable d’une Haïti prospère et épanouie à tous les points de vue. 

Belly-Dave Bélizaire 

Vant Bèf Info (VBI)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *