Haïti, 15 ans après le séisme : deux symboles d’un échec collectif

Getting your Trinity Audio player ready...

Le 12 janvier 2010, un séisme de magnitude 7,0 frappait Haïti, détruisant des infrastructures majeures et plongeant le pays dans le chaos. Quinze ans plus tard, deux monuments en ruines témoignent encore de l’ampleur des défis non résolus : le Palais national et la Cathédrale Notre-Dame de Port-au-Prince.

Ces ruines ne sont pas seulement des vestiges matériels. Elles incarnent une crise de gouvernance, une reconstruction inachevée et une perte de confiance envers l’État et les acteurs internationaux.

Le Palais national, symbole d’un État à genoux

Au cœur de Port-au-Prince, les décombres du Palais national restent un rappel brutal de l’effondrement de l’autorité étatique. Quinze ans après, la reconstruction de ce symbole national n’a toujours pas commencé.

« Chaque jour, je passe devant le Palais en ruines, et c’est comme si on nous rappelait que l’État est incapable de se relever », déclare Jean-Baptiste Alfred, un fonctionnaire de la Direction Générale des Impôts (DGI).

La lenteur des travaux de reconstruction est devenue un point de frustration majeur pour les citoyens, qui y voient le reflet des dysfonctionnements de l’État.

La Cathédrale Notre-Dame, un lieu sacré oublié

À quelques kilomètres du Palais, la Cathédrale Notre-Dame de Port-au-Prince reste elle aussi en ruines. Autrefois un lieu emblématique de la capitale, elle est aujourd’hui un lieu de recueillement abandonné.

« Cette cathédrale était un lieu de foi pour toute notre communauté. Aujourd’hui, elle est un symbole de notre abandon », témoigne Rose Darline Josué, une fidèle de l’église Sacré-Cœur de Turgeau.

Alors que d’autres pays touchés par des catastrophes naturelles ont rapidement reconstruit leurs symboles, en Haïti, les ruines sont devenues des monuments du désespoir.

Des milliards de dollars, mais peu de résultats

Après le séisme, l’aide internationale avait pourtant afflué. La communauté internationale avait promis près de 10 milliards de dollars pour la reconstruction, mais la gestion opaque de ces fonds a freiné les projets.

La Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH), coprésidée par Bill Clinton, a été chargée de superviser les travaux. Cependant, les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes.

Des projets de logements abandonnés, des hôpitaux inachevés et une bureaucratie lente ont contribué à la frustration générale.

Réparer plus que des bâtiments : reconstruire un État

Pour les experts, la reconstruction d’Haïti ne peut pas se limiter à réparer des bâtiments. L’État doit être refondé sur des bases solides, avec des institutions fortes et une gouvernance transparente.

« Nous avons besoin d’un État qui fonctionne. Ce n’est pas seulement une question de béton, c’est une question de leadership », souligne un analyste local.

Alors que les défis restent immenses, l’espoir d’un renouveau persiste parmi les Haïtiens. La restauration du Palais national et de la Cathédrale Notre-Dame pourrait symboliser le début d’une nouvelle ère.

Mais pour cela, les erreurs du passé doivent être corrigées, et la gestion des fonds publics doit devenir une priorité.

Quinze ans après le séisme, Haïti est à la croisée des chemins : reconstruire pour panser ses plaies ou continuer à laisser les ruines incarner un échec collectif.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *