Haïti : sept rapports accablants de l’ULCC secouent de hauts responsables de l’État

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La Direction du Mouvement populaire de la Jeunesse (MPOJ), interpelle le ministre de la Justice, Me Patrick Pélissier, face à l’inaction autour de sept rapports explosifs soumis par l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Ces documents, transmis depuis septembre 2024, dévoilent des détournements massifs de fonds publics, des cas d’enrichissement illicite et des abus graves impliquant des personnalités de haut rang de l’administration haïtienne.

Port-au-prince,mardi 10 décembre 2024

Des détournements chiffrés à 614 millions de gourdes

Ces rapports, remis au ministère de la Justice le 3 septembre 2024, relatent des infractions majeures : détournement de biens publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, abus de fonction et prise illégale d’intérêts. Le préjudice total est estimé à 614 millions de gourdes un coup dur pour l’économie d’un pays en proie à des crises multiples.

L’ancien ministre de la Planification, Me Aviol Fleurant, figure parmi les accusés, avec un enrichissement illicite évalué à 75 millions de gourdes, soit une augmentation de 253 % de son patrimoine. Odney Pierre Ricot, ancien directeur général de l’Office national d’Assurance Vieillesse (ONA), est également épinglé pour un abus de fonction portant sur 22 millions de gourdes.

Les détournements concernent aussi d’autres anciens responsables :

Phanese R. Laguerre, ex-coordonnatrice du Programme national de Cantines scolaires (PNCS), accusée d’avoir détourné 250 millions de gourdes.

Germain Rauremon, ex-directeur général du Service national de Gestion des Résidus solides (SNGRS), incriminé pour un détournement de 125 millions de gourdes.

Des diplomates sous les projecteurs

La liste des accusés s’étend aux représentants de la diplomatie haïtienne Rody Jean Yves, ex-ambassadeur au Mexique, et plusieurs autres consuls sont accusés d’avoir omis de déclarer leur patrimoine, en violation de la loi du 12 février 2008. Ce manquement alimente des soupçons de corruption et d’enrichissement injustifié.

Un appel à l’action

Le MPOJ, dans une lettre ouverte au ministre Patrick Pélissier, exige que ces dossiers soient immédiatement transmis au commissaire du gouvernement de Port-au-Prince pour engager des poursuites judiciaires. « Le silence face à ces scandales renforce le sentiment d’impunité et mine davantage la confiance des citoyens envers la justice », a déclaré le mouvement.

Un test pour l’État de droit

L’affaire met à l’épreuve l’engagement des autorités haïtiennes dans la lutte contre la corruption. Pour le MPOJ, seule une action judiciaire rigoureuse et impartiale pourra rétablir l’autorité de l’État et poser les bases d’une gouvernance plus transparente.

La balle est désormais dans le camp du ministère de la Justice. Le peuple haïtien attend des mesures concrètes, car l’impunité ne peut plus être tolérée.

Jean Gilles Désinord

VANT BÈF INFO (VBI)