La fête guédé à Port-au-Prince : entre traditions et insécurité
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Le 1er novembre marque la fête des morts pour l’Église catholique, appelée fête guédé par les pratiquants du vaudou en Haïti. Tradition profondément ancrée dans la culture haïtienne, cette fête est aujourd’hui menacée par une insécurité croissante qui touche près de 85 % du territoire de Port-au-Prince et s’étend jusqu’à l’Artibonite. À l’instar du carnaval, autre grande tradition haïtienne, la fête guédé subit de plein fouet les conséquences d’une crise qui fragilise le tissu social et culturel du pays. Cet article explore l’impact de l’insécurité sur cette célébration emblématique.
Port-au-Prince, le 1 Novembre 2024.- La fête guédé est une célébration en hommage aux ancêtres et aux défunts, enracinée dans la tradition vaudou. Elle est marquée par des rituels, des offrandes et des danses dédiées aux morts. Ce moment est non seulement propice au recueillement, mais également à la célébration de la vie et de la mémoire collective.
Au fil des décennies, la fête guédé a évolué en intégrant des éléments culturels et sociaux comme des festivals, des cérémonies rituelles, et des moments de recueillement. Cependant, ces dernières années, la participation a diminué en raison de l’instabilité politique et sociale.
L’insécurité à Port-au-Prince a atteint des niveaux inquiétants. Les gangs armés contrôlent une grande partie de la capitale, rendant les déplacements dangereux et perturbant l’organisation des festivités. Les habitants, par crainte, hésitent désormais à se rassembler pour les célébrations traditionnelles.
Conséquences sur les festivités
L’insécurité autour du grand cimetière de Port-au-Prince a affecté les célébrations de la fête guédé cette année. De nombreuses familles choisissent de limiter leurs commémorations, préférant rester chez elles. Cette situation a aussi réduit les offrandes et les rituels, éléments essentiels de cette tradition. « C’est plus qu’une tradition pour moi, c’est une obligation familiale de commémorer mes proches au cimetière de Port-au-Prince. Mais chaque année, à cause de l’insécurité, je ne peux pas remplir cette obligation », confie Georges Flaurissaint, un pratiquant du vaudou.
Face à cette situation préoccupante, certains membres de la communauté vaudou tirent la sonnette d’alarme pour préserver la tradition de la fête guédé. Ils estiment que des initiatives locales sont cruciales pour maintenir vivante la mémoire des défunts malgré les difficultés. Cependant, ces efforts se heurtent souvent à la violence des gangs armés. « Il faut des actions concrètes pour sauver nos traditions. C’est un manque de respect envers nos défunts et les valeurs culturelles haïtiennes. C’est frustrant de voir la fête guédé subir les conséquences de l’insécurité », déclare Empereur Jacques Étienne, un prêtre vaudou.
La fête guédé à Port-au-Prince incarne le combat d’une culture contre une insécurité dévastatrice. Cette célébration est cruciale pour de nombreuses familles, et son déclin menace l’identité culturelle haïtienne. En ce 1er novembre 2024, il est essentiel de réfléchir aux moyens de préserver cette tradition face aux défis actuels. La fête guédé doit perdurer, non seulement pour rendre hommage aux morts, mais aussi comme symbole d’espoir et de résilience pour la culture haïtienne.
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)