Haïti – Crise : Le CARDH dresse le portrait d’un pays disloqué et d’un État en retrait

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Dans un rapport publié à l’occasion des quatre ans de la chute de Martissant, le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH) dresse un constat alarmant de la situation sécuritaire et institutionnelle en Haïti. Selon l’organisme, le pays traverse une crise profonde marquée par une violence incontrôlée, des déplacements massifs et un effondrement progressif des structures étatiques.

Port-au-Prince, le 2 juin 2025 – Entre 2021 et mai 2025, 4 716 personnes ont été tuées, dont 136 policiers, selon les données recueillies par le CARDH. Ce chiffre n’inclut pas les présumés bandits lynchés lors du mouvement Bwa Kale, déclenché par des citoyens excédés. Le rapport souligne que la violence armée dépasse désormais les capacités de la Police nationale d’Haïti (PNH), impuissante face à des gangs toujours plus organisés.

La crise humanitaire est tout aussi préoccupante. Plus d’un million de personnes déplacées internes ont été recensées, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces familles, déracinées par les violences, survivent dans des conditions précaires dans des écoles transformées en abris ou sous des tentes de fortune, sans accès régulier à l’eau, à la nourriture, aux soins ou à l’éducation.

Les zones les plus touchées sont Port-au-Prince, Croix-des-Bouquets, Tabarre, Mirebalais et le Bas-Artibonite. Certaines familles ont été contraintes de fuir plusieurs fois. Le rapport déplore l’absence de politique publique de relogement ou d’assistance digne de ce nom.

L’impact sur l’appareil étatique est tout aussi dramatique. Au total, 102 institutions publiques, dont des ministères, des parquets et des tribunaux, ont dû abandonner leurs sièges. 622 établissements privés ont été fermés ou détruits. Le secteur de l’éducation est paralysé : 496 écoles ont suspendu leurs activités, tandis que des lycées symboliques comme Alexandre Pétion et Toussaint Louverture, ainsi que des facultés comme la FDSE et l’Éthnologie, ont été relocalisées.

Des zones historiquement symboliques, telles que le Champ de Mars ou la Bicentenaire, sont désormais inaccessibles. La Cour supérieure des comptes a quitté le centre-ville, et le système judiciaire fonctionne au ralenti depuis plusieurs mois. Le sentiment d’abandon est palpable dans les zones sinistrées.

Pour le CARDH, cette crise va au-delà de l’insécurité. Elle traduit « l’effondrement général des fonctions régaliennes de l’État », devenu incapable d’assurer ses missions essentielles et de garantir un minimum de vie en société.

Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)

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