Haïti dans l’impasse : responsabilités des acteurs politiques et enjeux

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Haïti traverse une crise politique et sociale sans précédent, marquée par l’instabilité institutionnelle, l’insécurité croissante et l’incapacité des dirigeants à répondre aux défis du pays. Cette situation n’est pas seulement une crise de gouvernance, mais résulte aussi d’une stratégie de maintien du statu quo par certains acteurs politiques.
Une instabilité entretenue à des fins politiques
Port-au-Prince, le 17 mars 2025 : Clarens Renois, leader du parti Union nationale pour l’intégrité et la réconciliation (UNIR), estime que la crise haïtienne est due en grande partie à des manipulations politiques. Il indique que certains dirigeants utilisent l’instabilité comme un levier pour conserver le pouvoir ou leurs privilèges, sans véritable volonté de réformes structurelles. « Il nous faut un dépassement de soi, une nouvelle pratique de vie pour sortir Haïti de ce labyrinthe », déclare-t-il.
Renois critique également l’incapacité du secteur politique à proposer une alternative viable, soulignant l’absence d’un véritable engagement pour sortir Haïti du chaos. Selon lui, une nouvelle politique internationale est essentielle, fondée sur la souveraineté nationale et le développement interne, avec le soutien de partenaires étrangers prêts à soutenir une reconstruction authentique du pays.

Dans cette optique, son parti UNIR a lancé l’initiative « Retraite politique », visant à rassembler les acteurs de la vie nationale pour réfléchir à l’avenir d’Haïti. Cette démarche ne remplacerait pas la Conférence nationale proposée par feu Turneb Delpé, mais servirait de catalyseur pour initier un dialogue national inclusif.
Un État fragmenté et instrumentalisé
Dourason Charles, étudiant en Master 2 d’études politiques à Paris, analyse l’impasse actuelle comme une conséquence de la fragmentation du pouvoir en Haïti. De son avis, l’État n’arrive pas à centraliser l’autorité, ce qui a permis l’émergence de groupes armés , exacerbant l’insécurité.
Charles souligne la responsabilité des dirigeants, qui, au lieu de mettre en place des réformes structurelles, ont choisi de maintenir un vide institutionnel, favorisant ainsi l’instrumentalisation du chaos. « Lorsque nos dirigeants créent ce vide par l’absence de réformes et l’exploitation des conflits sociaux, ils délégitiment l’État », explique-t-il.
Certains acteurs politiques tirent également profit de la domination des gangs pour asseoir leur pouvoir, tout en se désengageant de leurs responsabilités. Cela transforme l’État en un espace négocié entre différentes formes de pouvoir, marginalisant la population et ses aspirations légitimes.
Vers une refondation de l’État haïtien
L’impasse politique actuelle ne résulte pas seulement d’un blocage institutionnel, mais aussi d’un choix stratégique des élites au pouvoir. Tant que ces dernières continueront d’exploiter le chaos comme outil de gestion, toute tentative de reconstruire un État légitime restera infructueuse.
Dourason Charles plaide pour une réinvention de l’État, non sous une logique autoritaire, mais autour d’une nouvelle forme de légitimité politique, qui allierait autorité et aspirations citoyennes. Cette transformation exigerait de rompre avec les pratiques actuelles et d’instaurer une gouvernance véritablement tournée vers l’intérêt collectif.
Haïti a besoin d’un leadership capable de dépasser les intérêts partisans et d’instaurer une dynamique politique innovante. Reste à savoir si les acteurs politiques en place sont prêts à assumer leurs responsabilités et à mener les réformes nécessaires. Sinon le pays continuera de sombrer dans l’instabilité et la violence aveugle et cela fera l’affaire des éternels manoeuvriers toujours confortables même s’ ils nagent en eaux troubles
Judelor Louis Charles
VANT BÈF INFO (VBI