Carrefour-Feuilles : Une enclave préservée grâce à quelques policiers, mais sans soutien de l’État

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Malgré les attaques répétées des gangs depuis 2023, une petite portion de Carrefour-Feuilles résiste encore à l’effondrement total. Ce sursaut de résilience ne repose ni sur une intervention de l’État central, ni sur une stratégie sécuritaire coordonnée, mais sur l’engagement solitaire de quelques policiers dévoués, déterminés à défendre leur quartier.

Un quartier sous pression, un État absent
Carrefour-Feuilles, 13 mars 2025 – Depuis le 19 février 2025, Carrefour-Feuilles est l’un des épicentres de la crise sécuritaire qui ravage Haïti. Les attaques des groupes armés ont poussé de nombreuses familles à fuir, laissant derrière elles maisons et commerces. Face à ce vide sécuritaire, l’État, incapable de rétablir l’ordre, semble avoir abandonné la zone à son sort.

Pourtant, au cœur de ce chaos, une frange du quartier tient encore debout, grâce à la présence de quelques policiers locaux. Agissant sans ordre officiel et avec des moyens dérisoires, ces agents, souvent originaires de la zone, s’efforcent d’empêcher une prise totale du territoire par les gangs.
Une défense improvisée face au danger
Ces policiers, en effectif réduit et sans ressources adéquates, organisent une résistance informelle. Ils sécurisent des rues stratégiques, interviennent sporadiquement pour repousser les incursions et sollicitent le soutien de collègues.
« Si ces policiers n’étaient pas là, tout serait déjà tombé aux mains des gangs. L’État nous a abandonnés, mais eux, ils font ce qu’ils peuvent pour nous protéger », confie un habitant sous couvert d’anonymat.
Munis de munitions limitées et sans renforts officiels, ils se battent au péril de leur vie, s’appuyant sur leur propre réseau et leur connaissance du terrain.
Un avenir incertain
L’inaction du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) face à cette crise souligne une nouvelle fois la faillite de l’État. Malgré les déclarations de Fritz Alphonse Jean sur une intervention sécuritaire, aucune action concrète n’a été menée pour déloger les gangs.
Tant que l’État ne prendra pas ses responsabilités, l’avenir de Carrefour-Feuilles restera incertain. Les habitants, eux, s’accrochent à ce qu’il leur reste : une poignée de policiers livrés à eux-mêmes, dernier rempart contre le chaos total.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)