Déclaration des groupes criminels comme organisations terroristes : Un choix risqué pour Haïti, selon Ricardo Germain

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La classification des groupes criminels haïtiens en tant qu’organisations terroristes alimente un vif débat au sein des milieux politiques et sécuritaires. Selon Ricardo Germain, spécialiste en études stratégiques, sécurité et politiques de défense, une telle décision pourrait avoir des conséquences complexes, nécessitant une réflexion approfondie.

Une classification aux effets limités sur la lutte contre les gangs

Port-au-Prince, le 29 janvier 2025 – Désigner les groupes criminels comme terroristes permettrait, en théorie, de renforcer les sanctions nationales et internationales, de limiter leur accès aux médias et de restreindre leurs droits civiques et politiques. Toutefois, selon Ricardo Germain, ces mesures auraient un impact limité sur le terrain, car ces groupes sont déjà privés de ces droits et font l’objet de diverses sanctions.

L’expert souligne que le véritable problème réside dans le manque de moyens concrets pour lutter contre ces gangs. Haïti souffre notamment d’un déficit de capacités institutionnelles, d’équipements sécuritaires et de coordination efficace entre les acteurs concernés.

Les risques diplomatiques et sécuritaires d’une telle classification

D’un point de vue diplomatique, cette classification pourrait tendre les relations avec certains partenaires internationaux. Ricardo Germain met en garde contre une perception erronée d’Haïti sur la scène mondiale, qui pourrait être vue comme un foyer de terrorisme international, compliquant ses relations diplomatiques et économiques.

« Si des États étrangers adoptent cette classification sans tenir compte des nuances du contexte haïtien, cela pourrait fausser l’image du pays et aggraver sa situation », a-t-il alerté sur son compte X.

Une telle perception pourrait également affaiblir la notation du pays en matière de risques sécuritaires et financiers, dissuader les investisseurs et aggraver la crise économique.

Une approche stratégique et conceptuelle indispensable

Avant d’opter pour une telle mesure, Haïti doit d’abord définir clairement ce qu’elle entend par terrorisme. À ce jour, il n’existe aucun cadre juridique national établissant cette distinction.

Pour Ricardo Germain, cette classification ne peut être efficace que si elle s’inscrit dans une stratégie intégrée et cohérente, impliquant :

  1. Une définition claire des objectifs : Quels résultats espère-t-on atteindre avec cette classification ?
  2. Une évaluation des impacts : Comment cela influencera-t-il l’image du pays sur la scène internationale ?
  3. Un plan de lutte structuré : Quels dispositifs de réponse nationale mettre en place ?

Sans ces éléments fondamentaux, cette démarche risque d’être symbolique, voire contre-productive.

Ricardo Germain conclut que, si cette classification peut sembler une réponse ferme face à l’insécurité, elle soulève des enjeux complexes qui ne peuvent être ignorés. Plutôt que de se précipiter, Haïti doit privilégier une approche stratégique globale, axée sur le renforcement des capacités sécuritaires, la coopération internationale et l’amélioration du cadre juridique.

Judelor Louis Charles
VANT BÈF INFO (VBI)

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