Haïti : massacres en série et transition en panne face aux gangs armés
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La violence continue de hanter Haïti, où les massacres orchestrés par des gangs armés plongent la population dans une terreur indescriptible. Face à cette escalade meurtrière, le gouvernement de transition peine à proposer des solutions concrètes, laissant le pays sombrer davantage dans un chaos déjà bien ancré.
Port-au-Prince, le 27 décembre 2024
Depuis plusieurs mois, des quartiers entiers de Port-au-Prince, notamment Wharf Jérémie, ainsi que des localités comme Pont-Sondé dans l’Artibonite, sont sous le joug de la coalition criminelle VIV Ansanm. Ces groupes armés, qui contrôlent désormais de vastes zones, multiplient les tueries, les enlèvements et les déplacements forcés. Le dernier rapport de la Commission des droits de l’homme de l’ONU, publié en novembre 2024, révèle des chiffres alarmants : des centaines de civils tués, des milliers de familles déracinées et une recrudescence des violations des droits humains.
Une réponse sécuritaire inefficace
Malgré les cris d’alarme des organisations de défense des droits humains et les appels désespérés de la population, les autorités haïtiennes peinent à riposter. Le Conseil Supérieur de la Police Nationale (CSPN) organe censé coordonner la lutte contre ces violences, reste paralysé. Des mesures sporadiques de sécurisation sont annoncées, mais leur inefficacité face à la puissance des gangs est flagrante.
L’attaque récente contre des journalistes et des policiers à l’hôpital général illustre le niveau d’impunité dont jouissent ces groupes armés. Pendant ce temps, les écoles sont fermées, les infrastructures sanitaires débordent et les principales routes du pays sont devenues des zones de guerre.
Une gouvernance embourbée dans les jeux de pouvoir
À la tête d’un gouvernement en place depuis deux mois, Alix Didier Fils-Aimé épaulé par le Conseil présidentiel de transition dirigé par Lesly Voltaire, semble davantage préoccupé par le partage des postes et l’allocation de fonds publics que par une réponse efficace à la crise. Des millions de gourdes sont attribués à des projets limités, sans impact durable sur la sécurité ou le bien-être de la population.
Les priorités de l’État semblent déconnectées des réalités du terrain, alors que les citoyens haïtiens, épuisés par des années de souffrance, attendent désespérément des réformes structurelles. L’absence de vision claire et de volonté politique laisse le pays s’enliser dans une spirale de violences et d’inertie.
L’illusion des promesses internationales
Face à l’urgence, la communauté internationale propose des solutions ponctuelles, telles que l’envoi d’une force multinationale de maintien de la paix. Cependant, ces initiatives, souvent perçues comme des pansements sur une plaie béante, ignorent les causes profondes de la crise : pauvreté extrême, corruption systémique, institutions défaillantes et justice inexistante.
Malgré les promesses de l’ONU et des États-Unis, les résultats concrets tardent à se matérialiser. La reconstruction d’Haïti ne pourra se faire sans un engagement ferme des autorités locales, mais également sans une refonte complète des systèmes politique et économique du pays.
Un peuple en quête de leadership
Pour les Haïtiens, chaque jour qui passe sans action concrète alourdit le fardeau de la misère. Alors que les massacres deviennent une réalité quotidienne, la population se demande si le gouvernement a réellement la capacité – ou même la volonté – de sortir le pays de cette impasse.
L’heure est grave. Sans une refonte en profondeur des priorités nationales et un leadership courageux pour affronter les défis structurels, Haïti court le risque de s’enfoncer encore davantage dans l’abîme.
VANT BÈF INFO (VBI)