Sécurité: Et si la mission multinationale ne venait pas ou tardait à venir?

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C’est un fait, les gangs ne veulent pas faire profil bas, malgré les différentes mesures et les sanctions prises à leur encontre  et à ceux qui sont accusés de les financer et de les alimenter en armes et en munitions. D’ailleurs ils continuent à tuer des civils et membres des forces de l’ordre, à kidnapper des citoyens et à attaquer des postes de police comme bon leur semble.

Port-au-Prince, le 28 octobre 2023: les hommes armés continuent d’étendre leur tentacule sur toute l’étendue du territoire, en particulier dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et dans le département de l’Artibonite.

Ils sont omniprésents. Presque chaque zone de la capitale et de certaines villes de provinces est sous l’emprise d’une bande armée qui dicte ses propres lois et ses principes. 

Les bandits armés ont cette capacité à rester en contact et cela les rend encore plus dangereux. Ils utilisent des éclaireurs pour traquer leurs proies et ces éclaireurs sont partout.

Ils arrivent aussi à contrôler les grands axes routiers reliant la capitale au grand Sud et au Grand Nord et la population, livrée à elle-même, ne sait à quel saint se vouer.

Se sentant dépassé, le gouvernement a sollicité depuis un an, un soutien international, obtenu récemment avec l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU (avec 13 voix pour et 2 abstentions), au début du mois d’octobre, du déploiement d’une mission multinationale que le Kenya se propose de diriger.

Le déploiement de cette mission est provisoirement suspendu au Kenya par sa haute cour de justice, jusqu’à son verdict final prévu le 9 novembre 2023.

« Si la force ne vient pas, nous en Haïti, que ferons-nous ?» se demande une commerçante vendant des produits alimentaires à Delmas 32.

Entre-temps, le premier ministre Ariel Henry se veut rassurant quand à l’arrivée de la mission.

«Le président Kenyan lui même, m’a rassuré que son pays viendra en Haïti comme chef de file de la force multinationale», a-t-il déclaré lors d’un point presse le 24 octobre dernier au salon diplomatique de l’aéroport international Toussaint Louverture avant de poursuivre:

« Nous au niveau du gouvernement et de la PNH, nous avons des mesures à prendre et des préparatifs à faire mais cela demandera un peu de temps. Nous ne savons pas quand viendra la mission mais elle viendra assurément »

Alors que le gouvernement semble miser toutes ses forces sur la mission multinationale pour rétablir la sécurité dans le pays, l’exode des citoyens, des jeunes et des professionnels notamment, se poursuit.

Les cas de justice expéditive des groupes d’auto-défense, le « bwa Kale », se multiplient.

Pas moins de 395 individus, présentés comme des bandits et membres de gangs, ont été lynchés entre le 24 avril et le 30 septembre 2023, selon le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (Binuh).

Pierre Daniel Lamartinière

Vant Bèf Info (VBI)