L’hôpital général en agonie, les malades doublement victimes

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Depuis le 22 décembre 2022, les médecins résidents de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) sont en grève pour exiger des autorités sanitaires qu’elles prenennent des mesures pour satisfaire certains besoins essentiels auxquels ils font face. Depuis, les malades ne sont pas pris en charge et la plupart d’entre eux sont obligés d’abandonner le plus grand centre hospitalier public du pays en dépit de leur faible moyen.

Port-au-Prince, le 8 février 2023.- Un portique s’ouvre sur la partie Est, deux hommes y sont assis. A quelques pas, d’autres jouent au dominos. Bienvenue à l’hôpital général de Port-au-Prince.

A droite, se trouve un premier batiment où est logé le service d’urgence du plus grand centre hospitalier public du pays. Odeur nauséabonde, des salles quasiment vides et obscures, l’espace destiné à soigner des malades donne déjà l’allure d’un cimetière. Tout est au point mort, plus rien ne fonctionne.

Nous avons constaté trois personnes dans une salle. Un homme ayant un appareil dans sa jambe droite et un pansement au bras gauche en état de putréfaction, son vis-à-vis, un homme enchaîné au pied gauche et un autre malade qui a été transféré de la salle d’urgence au service d’orthopédie qui rendait visite à ses anciens voisins.

Ayant été victime d’un accident de la circulation, ce borgne a été admis à l’HUEH, il y a trois mois. Il devait subir une intervention chirurgicale depuis le mois de décembre dernier mais à cause de la grève des résidents, tout a été basculé.

Les petites bourses en font les frais

Ce quadragénaire dit attendre déséspérément un dégèle de la crise pour que les médecins résidents reprennent du service. « Je ne peux pas aller me faire soigner dans un autre hôpital faute de moyens. J’aurais vraiment aimé qu’une entente soit trouvée entre les autorités sanitaires et les grévistes », se désole ce patient.

D’autres malades pour la plupart abandonnés par leurs proches ont aussi été remarqués dans certains espaces du service d’urgence de l’HUEH. Parfois on peut observer une seule personne dans une salle.

Les négociations sont au point mort

Depuis le début du mouvement, deux rencontres ont été planifiées entre les autorités étatiques et les grévistes. Malheureusement la deuxième n’a pas eu lieu à cause de l’absence du Directeur général du Ministère de la santé publique et de la population (MSPP), le docteur du MSPP, le docteur Lauré Adrien, dénonce le Dr Samuel Georges, résident 3 au service d’orthopédie.

Il en a profité pour souligner que l’administration de l’HUEH n’a pas joué pleinement son rôle dans le processus de négociation devant faciliter une issue à la crise.

Augmenter les frais d’allocation, de meilleurs conditions de travail, doter l’HUEH des matériels adéquats pour faciliter le travail des professionnels de la santé, telles sont les principales revendications des résidents de l’hôpital général.

Contactée par la rédaction de Vant Bèf Info, la Directrice exécutive de l’HUEH, Dr Jessy Colimon Adrien, dans une courte intervention a souligné que la direction de l’hôpital a fait tout ce qui est en son pouvoir pour trouver une solution à la crise.

Elle a souligné par ailleurs que certains points des revendications des médecins dépassent sa compétence. « Il revient aux responsables au plus haut niveau de l’État d’en donner suite », a-t-elle poursuivi.

Il importe de souligner que ces problèmes sont récurrents au plus grand centre hospitalier du pays. Les mêmes revendications reviennent à chaque occasion.

Jean François

Vant Bèf Info (VBI)