L’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme, William O’neill,  boucle sa mission en Haïti

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 L’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti, William  O’Neill a bouclé ce mercredi sa mission d’une dizaine de jours en Haiti.  Avant de quitter le pays, le fonctionnaire onusien,  lors d’une conférence de presse donnée au Karibe Convention Center,  a dressé un tableau alarmant de la situation des droits de l’homme en Haïti.  Selon lui, pour rétablir la liberté de mouvements des populations en proie aux violences des gangs,  le  déploiement d’une force internationale spécialisée aux côtés de la Police Nationale d’Haiti (PNH) est indispensable.

Port-au-Prince, le 28 juin 2023.- d’entrée de jeu, William O’Neill a indiqué que la   situation carcérale illustre les manquements et les dysfonctionnements du système judiciaire à tous les niveaux. Il a révélé que 219 détenus sont décédés en détention en 2022, principalement raison de la malnutrition ou par manque d’accès aux médicaments. Les détenus sont entassés dans des cellules exigües, sous une chaleur étouffante, parfois sans accès à l’eau, aux sanitaires, avec une alimentation insuffisante. Ils survivent dans une odeur suffocante provoquée par des monticules de déchets dans la capitale, contribuant à la propagation de maladies telles que la tuberculose et le choléra.

Plus de 83% des personnes incarcérées sont encore en détention préventive prolongée, sans avoir eu accès à un juge ou à un avocat, certains depuis plus d’une décennie, y compris des mineurs, a décrit William O’Neill. L’expert indépendant sur la situation des droits de l’homme en Haïti  a  demandé  aux autorités de déployer tous leurs efforts pour permettre aux détenus de vivre dans la dignité. Par ailleurs, il a souligné qu’un  système judiciaire efficace est essentiel pour lutter contre la corruption et l’impunité qui alimentent le cycle de la violence et qui paralysent le pays depuis des décennies évoquant notamment le régime de sanctions de l’ONU considéré  comme  une étape importante pour lutter contre la corruption et l’impunité. Et d’ajouter qu’elle doit s’accompagner de mesures visant à traduire les auteurs devant la justice haïtienne. Le diplomate  a même demandé aux États-Unis d’imposer un embargo sur les armes en provenance de son territoire pour limiter la violence des gangs.

Par ailleurs, le fonctionnaire des Nations Unies a fait remarquer que  l’absence de l’Etat se fait ressentir pour tous les droits économiques, sociaux et culturels. L’accès à la santé, à l’eau, à l’alimentation, à l’éducation et au logement, sont sérieusement entravés par le manque de réponse étatique qui a pourtant le devoir de fournir une réponse adaptée dans la limite de ses capacités. L’insécurité, notamment dans les zones les plus marginalisées de la capitale, exacerbe encore davantage la défaillance des institutions dans ce domaine, a-t-il avancé.  

Enfin, il a exhorté  les autorités de la République dominicaine à respecter leurs engagements en ce qui concerne les méthodologies de rapatriements  et réitère l’appel à tous les pays de la région de mettre fin aux déportations massives de migrants haïtiens, en particulier de mineurs non-accompagnés.

Yves Manuel

Vant Bef Info ( VBI)