Le message plein d’espoir du révérend Père Kesner Gracia pour la fête de Pâques
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Haïti fait face à de nombreux défis. Le pays va mal et l’avenir est sombre. Cependant, le révérend Père Kesner Gracia garde espoir, mais il interpelle tous les secteurs et les invite à agir en faveur de la resolution de la crise. Voici son message à l’occasion de la fête de Pâques.
Message de Pâques 2024
« Alléluia, Christ est ressuscité,
Le Seigneur est vraiment ressuscité. Alléluia ! »
Chers Compatriotes Haïtiens,
Peuple de Dieu,
Sœurs et frères dans la foi,
C’est avec un cœur à la fois rempli de joie et de tribulations que nous célébrons Jésus, le grand vainqueur de la mort. Malgré les nombreux défis auxquels les pays du monde actuels sont confrontés, et en particulier le nôtre, nous les chrétiens, nous ne pouvons ne pas chanter et proclamer avec allégresse : « Alléluia, Il est ressuscité ! »
La fête de Pâques, au-delà de sa signification religieuse profonde, est un symbole universel d’espoir et de renouveau. Elle n’est pas seulement un événement historique ; elle est une promesse vivante, une assurance que, malgré les vents contraires et la tempête qui menaceraient notre barque, la délivrance est certaine et brise les ténèbres les plus épaisses. L’église célèbre cette fête pour se rappeler de la mort et la résurrection du Seigneur, sa victoire sur les forces du mal et pour affirmer sa confiance en un lendemain meilleur. Avec le Christ, il n’y a pas de situation désespérée.
Le monde est attristé ; la guerre, la violence, la terreur, et la destruction massive de vies humaines semblent se perpétuer sans fin. Dans notre cas, c’est avec beaucoup d’émoi que nous assistons à l’effondrement d’Haïti. La nation haïtienne n’en peut plus avec l’insécurité accrue généralisée, la vassalisation des institutions publiques et privées, l’évasion des prisonniers, l’exécution sommaire, la tuerie, la lutte fratricide, l’inexistence de l’état et l’impatriotisme de plus d’un. Pour dire, le pays se précipite vers l’abime à cause des homicides, des scènes de violence, de crimes et de kidnapping qui se répètent chaque jour. Les nouvelles nationales et internationales sont toutes dominées par les principaux acteurs. D’un côté, s’arrangent les bandits armés et les politiciens qui prédominent l’actualité. De l’autre côté, le peuple qui patauge dans la misère et la souffrance.
Depuis son indépendance, le pays est marqué par la division, la turbulence et des sérieux défis socio-économiques et politiques. Nous assistons à une croissance exponentielle des partis politiques qui n’ont aucun plan de développement durable, de projet de société. Ils ne font qu’exacerber les divisions et troubles sociaux. La politique est une science comme toutes autres, elle est dynamique et non statique et implique la décence et l’éthique. La complexité et les défis auxquels le pays est confronté fait appel à la concorde nationale et résonne comme un écho urgent. Elle requiert une refonte radicale de l’approche politique, un engagement patriotique profond et sincère envers le bien-être national, au-delà des intérêts personnels ou de groupe. L’innovation dans la manière de faire de la politique est une nécessité impérieuse. Elle exige un dynamisme qui valorise le compromis, le dialogue comme étant l’instrument privilégié de résolution de nos conflits pour l’avancement du pays qui est assoiffé de justice, de paix, de sécurité et de stabilité.
Haïti est isolée sur la scène internationale à cause de l’insouciance, du manque de doigtés, de l’absence de vision, la cupidité et de la médiocrité de ses dirigeants. Les vols commerciaux sont suspendus, les frontières du pays voisin sont fermées, les pays de la région renforcent la sécurité interne pour éviter tout éventuelle invasion des Haïtiens sur leurs territoires etc. Nous sommes livrés à nous-mêmes !
Vu notre contexte historique et politique, l’idée d’un conseil de gouvernement de 7 membres de partis hétérogènes pourrait endiguer d’avantage le pays dans une crise plus complexe – soient 7 membres, 7 présidents. Pour replacer le pays dans l’ordre constitutionnel, l’application des dispositions de la constitution doivent être scrupuleusement appliquées. L’appui de la communauté internationale est apprécié et bien accueilli, mais la solution doit être le fruit d’une entente haïtienne et inclusive. En ce sens, je lance un appel patriotique au nom du Dieu Tout-Puissant : a) aux acteurs politiques, à faire preuve de transcendance et de civisme pour prioriser le pays, la vie et l’intérêt collectif et b) aux bandes armées, à cesser le feu et la violence faisant preuve de l’humanité pour mettre fin aux violations de droits humains et aux souffrances de la population.
Pour sauver le pays, nous devons d’abord prendre conscience que nous sommes tous, d’une façon ou d’une autre, responsables. De ce fait, nous sommes vivement exhortés à se retourner, comme filles et fils d’Haïti, à notre devise : L’union fait la force. C’est-à-dire, l’unification des forces politiques autour d’un objectif commun, d’une sortie de crise est impérative. Cela nécessite des sacrifices, des compromis et, surtout, une nouvelle vision où l’intérêt suprême de la nation soit notre boussole. C’est à ce prix que nous pourrons effectivement contribuer à la construction d’un avenir meilleur pour Haïti. La crise actuelle d’Haïti est une opportunité de redéfinir le paysage politique et de s’engager sur un nouveau chemin. Si nous avons vaincu l’esclavage et établi la première république noire dans le monde ; aujourd’hui encore, nous pouvons nous unir pour rétablir la paix et la souveraineté du pays.
Sœurs/frères Haïtiens de partout, c’est avec cette conviction que je vous adresse pour vous dire : « N’ayez pas peur, car la résurrection de Jésus nous rappelle que Dieu est capable de transformer le vendredi de souffrance en dimanche de joie, l’agonie en victoire. Dieu est avec nous dans nos luttes et nos souffrances ». Il est notre refuge et notre force, un secours toujours prêt en temps de détresse Psaume 46,1. En Christ, nous avons l’assurance d’une force qui nous dépasse, capable de transformer notre désespoir en espérance, notre deuil en danse de joie. Les manœuvres visant à l’effondrement de notre pays ne sont que temporaires, car la victoire du Christ sur la mort nous assure que le mal est éphémère.
Célébrer Pâques : C’est célébrer le triomphe de la lumière sur l’obscurité, de la vie sur la mort, offrant ainsi une source d’inspiration à l’humanité pour chercher la paix, la réconciliation.
Jésus a accepté la mort pour enterrer les œuvres des ténèbres, telles que l’orgueil, l’ambition, la haine, l’hypocrisie de sorte que nous ayons part à sa vie. Nous sommes appelés à suivre ses pas ; car, l’amour immodéré des biens terrestres, du pouvoir et du confort nous dressent les uns contre les autres. Faisons en sorte que la lumière de la résurrection illumine nos cœurs, guide nos actions et nous unis dans la lutte contre toute forme d’injustice et de cruauté pour bâtir un avenir meilleur, où règnent la justice, la paix et la fraternité.
Sœurs et frères dans la foi,
La fête de Pâques se veut une invitation à la pratique du bien et de l’amour, mais non à la vengeance, au mensonge et à la destruction. Prions pour que toutes celles et tous ceux qui détiennent l’autorité et qui font de la politique active dans ce pays posent des actions concrètes qui redonnent l’espoir à ce peuple souffrant.
En célébrant la résurrection du Christ, victoire de la vie sur la mort, nous croyons fermement qu’une Pâque haïtienne est possible où Haïti passera de cet état de chaos à un état de paix et de prospérité.
Que la fête pascale enflamme nos cœurs et nous dirige vers le chemin de l’unité !
Joyeuses Pâques à vous toutes et à vous tous,
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. Amen !
Révérend Père Kesner Gracia
Citoyen Haïtien