Haïti / Société : Parlement haïtien, l’environnement d’un marché public

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L’environnement du parlement haïtien est devenu un véritable marché public. Des marchands, en quête de sécurité, ont monté leurs tentes sur la place d’Italie, vis-à-vis du palais législatif. Ce qui rend les périmètres de la maison des parlementaires insalubres où mouches, fatras et cochons cohabitent avec les élus.

Port-au-Prince, le 18 juillet 2019.- Pendant que les parlementaires se battent pour leurs intérêts au détriment de leurs votants, la situation générale de la population se détériore au jour le jour.

Après le passage du séisme du 12 janvier 2010, le parlement haïtien est logé dans des préfabriqués construits grâce au support de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation d’Haiti (MINUSTAH). Et depuis, à chaque nouvel exercice, des montants sont prévus dans le budget national pour la reconstruction du palais législatif.

Visiblement on peut remarquer que les parlementaires évoluent dans une parfaite cohabitation avec des cochons. Des tas d’immondices sont remarqués sur la cour où était logé le ministère de la défense qui sert maintenant de parking pour les parlementaires et dans une partie est logé le bureau des Unités de Sécurité du Palais Législatif (USPL).

À l’extérieur du parlement, la situation n’est pas différente, constate un reporteur de Vant Bèf Info (VBI). Depuis le mois de novembre 2018, des habitants de la saline occupaient une partie de la place d’Italie juste en face du parlement pour s’échapper à la fureur des groupes armés qui ont orchestré des massacres dans cette zone où des dizaines de victimes ont été recensées.

Depuis le week-end écoulé, vient le tour des petits commerçants du marché de Croix-des-Bossales qui viennent occuper une bonne partie de cet espace servant de parking municipal pour étaler leurs produits, selon le constat d’un reporteur de Vant Bèf Info (VBI). Ils sont pour la plupart des bouchers qui placent des tréteaux pour exposer des viandes qui sont suivies par une armée de mouches.

Ses marchands expriment leurs frustrations par rapport au laxisme des autorités qui ne font rien pour que la paix règne au bord de la mer. « Nous sommes ici juste pour pouvoir jouir de la sécurité que jouissent les parlementaires que nous avons votés. Nous ne pouvons plus résister aux menaces des gangs armés qui agissent au vu et au su de tout le monde », expliquent des marchandes avec indignation au micro d’un reporteur de VBI.

« Nous restons sur la place jusqu’à nouvel ordre. Et bientôt nous nous serons à l’intérieur même du parlement pour plus de sûreté », a martelé une dame qui transpire sous un soleil de plomb.

Interrogé sur cette situation, le député de Grand-Goâve, Jean Marcel Lumérant, a fustigé l’attitude du pouvoir en place qui ne fait aucun cas de la situation sécuritaire du pays et la Saline en particulier. Il dit souhaiter que les marchands envahissent l’enceinte du parlement sous peu, en vue de lancer un message aux responsables du pays.

Le parlementaire a par ailleurs, exprimé ses préoccupations par rapport aux relations non cordiales existant entre le président Jovenel Moïse et le directeur général de la Police Nationale d’Haïti (PNH) Michel-Ange Gédéon. Une situation qui affaiblit le Conseil supérieur de la police nationale (CSPN), et finalement, c’est la population qui en fait les frais, selon le député Lumérant.

Depuis un certains temps, le pays fait face à des multiples problèmes et les autorités sont incapables de donner des solutions adéquates. Plusieurs zones de la Capitale et certaines villes de province sont assiégées par des gangs armés qui terrorisent les populations sous les regards indifférents des autorités compétentes.

Vant Bèf Info (VBI)