Haïti-Coronavirus : Inquiets, des policiers appellent à un déspistage massif au sein de la police nationale

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L’inquiétude bat son plein au sein de la Police nationale d’Haïti (PNH) qui paie un lourd tribut au coronavirus. Des agents de la PNH, sous couvert de l’anonymat au micro d’un rédacteur de Vant Bèf info (VBI), plaident pour que des tests de dépistage du coronavirus soient réalisés sur l’ensemble du personnel policier. Ces derniers dénoncent par ailleurs les autorités, qui selon eux, n’ont pas mis à leur disposition les équipements de protection nécessaires.

Port-au-Prince, le 3 juin 2020 :-De la commune de Delmas au centre-ville de Port-au-Prince en passant par Pétion-Ville, l’inquiétude des policiers face au coronavirus est grande. Aussi grande qu’elle affecte leur travail.

Photo d’illustration

Dans un avant-poste de police placé sur l’autoroute de Delmas, un responsable nous raconte ses difficultés à motiver sa troupe. En effet, l’expansion de la pandémie du coronavirus ne laisse pas les policiers indifférents, notamment au niveau de ce sous commissariat qui a déjà compté pas moins de 5 cas suspect de Covid-19.

Et l’insuffisance d’équipements de protection, qui ont été mis à la disposition des policiers par la Direction générale de la Police nationale d’Haïti, pèse lourdement sur leur capacité à rester enthousiaste. En clair, l’inspecteur, responsable de ce sous-commissariat à Delmas, évoque un effectif policier au moral très bat.

Et du commissariat de police à la rue, la réalité est facilement perçue. En poste dans un point de contrôle à Pétion-Ville, l’inquiétude se lit sur le visage de deux agents de police retranchés dans un véhicule en stationnement. Il est déjà midi, l’heure est au diner. Dans ce moment de pause étant, une policière reçoit la livraison d’une commande de nourriture d’entre les mains d’une adolescente, apparemment dans la quinzaine.

Mais pour ces policiers qui se voient obligés d’être tous les jours exposé à la Covid-19, plus important que d’exprimer leur inquiétude, il n’y en a pas. L’envie de manger fait donc place à l’entretien.
« Je suis inquiète », dit la policière de grade agent I. Plus inquiète que, si seulement c’était possible, elle n’aurait même pas rentré chez elle tous les jours, question, dit-elle, de protéger sa famille et son entourage. Le danger mortel que représente le coronavirus la plonge dans l’angoisse.

Avec son collègue, également agent I, la peur d’attraper la Covid-19 leur hante l’esprit. Non pas qu’ils sont des lâches, pourtant. Mais pour faire face au coronavirus, les équipements de prévention sont indispensables. Ce qui manque ou qui fait défaut aux agents de la police nationale, tant à la capitale, Port-au-Prince et certainement dans les villes de province, affirment-ils.

« Il nous manque tout » , soutient encore la policière, en service dans la commune de Pétion-Ville. Il y a plus d’un mois qu’on nous a donné un cache-nez, se remémore-t-elle. Et à son collègue de souligner que, même en dépit du fait qu’ils soient en contact avec les gens au quotidien, puisque, du lieu de leur poste, ils sont appelés particulièrement à assurer des contrôles de véhicule, la mise en place d’un point de lavage de mains leur a été refusé par leur supérieur hiérarchiques.

Dans des conditions de travail aussi difficiles, le coronavirus donne la sueur froide aux policiers. Dire que même à l’intérieur des commissariats leur protection n’est pas garantie. Selon des témoignages, le service de nettoyage dans la plupart des bâtiments laissent à désiré. Et donc, dans le contexte de coronavirus, ils se veulent une source potentielle de contamination, révèlent des policiers.

Face à la propagation de la Covid-19, les policiers travaillent la peur au ventre. Et l’accès au test de dépistage ne semble pas facile. Ainsi, demandent-ils au commandement en chef de la PNH d’initier les démarches nécessaires afin que tout le personnel policier soit testé. En effet, certain policiers rencontrés dans le cadre de ce reportage, affirment avoir ressenti des malaise, qui s’apparentent aux symptômes du coronavirus.

Fièvre, courbature, perte du goût ou de l’odora…C’est le cas d’au moins quatre agents de police affectés à la Direction centrale de police routière (DCPR). En service à Lalue, eux aussi, expriment le vœu que soit menée une campagne le dépistage massif au coronavirus, au sein de la PNH.