La pénurie épisodique de carburant, l’autre galère des Haïtiens
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Haïti connait une pénurie de carburant qui, associée à l’insécurité générée par les activités de gangs armés, aggrave le sort de la population faisant déjà face à des difficultés majeures. Alors que les stations-service se disent être à sec, le trottoir est le nouveau lieu d’approvisionnement des conducteurs dans l’incapacité de trouver le précieux liquide sur le marché formel.
Pétion-ville, 22 avril 2024.- Haïti jongle entre la violence armée, surtout dans la capitale, et une nouvelle pénurie de carburant dans les pompes à essence depuis plusieurs jours. Cette rareté de carburant, ainsi que les tensions et l’insécurité à l’échelle du pays, ont des conséquences directes sur les activités habituelles et régulières de la population qui en paient le prix fort.
Ruée vers les stations-service, le trottoir nouvel alternatif
C’est un véritable calvaire pour les conducteurs de camionnettes, de motocyclettes et d’autobus qui ne cessent d’arpenter les stations-services de la région métropolitaine de Port-au-Prince, parfois pendant plusieurs jours, juste pour trouver un peu d’essence.
La plupart des pompes à essence ne dispose ni de gazoline ni de diesel. Les rares stations-services qui en distribuent ont de longues files d’attente et des embouteillages montres.
Une affluence qui requière de la patience et de la tempérance pour parvenir à s’approvisionner. Malgré les difficultés rencontrées, les chauffeurs de camionnette et de bus n’ont pas ajusté le prix des circuits dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince comme ça a souvent été le cas en pareille circonstance.
« Depuis ce matin, j’essaie de trouver du carburant pour ma voiture, on m’a dit que j’en trouverais à Puits Blain, j’y suis allé mais il y avait trop de monde. Finalement la seule station-service qui en délivrait c’était ici. J’avais déjà arpenté Pétion-Ville, et Route de Frères », nous raconte ce conducteur rencontré dans une station de service à Delmas 41.
Même son de cloche pour ce chauffeur de taxi-moto qui, quant à lui, court après le liquide le plus convoité actuellement en Haïti depuis plus de 3 jours.
« Depuis deux jours, pour pouvoir aller travailler, je suis obligé d’acheter un gallon de gazoline pour 1 250 gourdes sur le marché parallèle alors que dans les pompes à essence, avec cette somme je pouvais acheter deux gallons », nous dit-il d’une voix pleine de frustration.
Face à cette rareté drastique des produits pétroliers constatée sur le marché local, particulièrement au niveau de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Seule possibilité pour les habitants: le marché noir où l’essence et le diesel sont disponibles, mais pour deux à quatre fois le prix normal fixé par l’État. Alors qu’en ce moment, on trouve du carburant partout, sauf dans les pompes.
Si certains, fatigués de faire la queue dans les pompes ou à cause d’une urgence s’offrent aux vendeurs informels peu importe le prix, d’autres par contre, préfèrent garer leurs véhicules. Méfiants, ils accusent les revendeurs de mélanger le carburant avec d’autres produits qui, souvent, endommagent leurs moteurs.
A qui la faute ?
« Qu’est-ce qui explique que les stations-service sont asséchées alors qu’en face ou juste à côtés de ces stations, des vendeurs informels vendent le carburant ? où trouvent-ils le carburant ? », se questionnent un chauffeur en attente sur le volant de sa camionnette à Pétion-Ville.
Si les chauffeurs accusent les pompistes et les responsables des stations de service, les pompistes quant à eux se dédouanent de toute responsabilité. C’est le cas de ce pompiste rencontré dans une station de service fermé à Delmas. « Ce n’est pas nous qui ne voulons pas distribuer le carburant. Nous faisons notre travail. Donc, on distribue l’essence quand on nous dit de le faire et on suspend quand on nous en intime l’ordre. Parfois on nous accuse, mais nous en sommes pour rien », nous confie-t-il discrètement.
Les bandes armées bloquent très régulièrement l’accès aux stations à essence dans les zones qu’ils contrôlent, asséchant les citernes en utilisant le carburant pour eux ou en les revendant aux usagers de la route.
Conséquences engendrées par la non-disponibilité du carburant
Alors que Port-au-Prince s’enfonce dans la violence, les villes de province telles Cap-Haïtien, Jérémie, Jacmel, Gonaïves, Cayes, Miragoane, ne sont pas épargnées par cette nouvelle rareté. Car, la majorité des stations-service dépendent du Terminal Varreux, hormis le Sud de la capitale haïtienne.
Alors que le Terminal Varreux annonce régulièrement sur son compte X des chargements de camion au centre de stockage pétrolier de WINECO. Dans son dernier message en date du 18 avril 2024, il informe que 158,950 gallons de diesel et 354,850 gallons de gazoline dans 61 camions citernes ont été chargés à destination de divers zones pour approvisionner les différentes stations de service du pays. Les stations à essence, les conducteurs se plaignent de la non-disponibilité des produits pétroliers ? Où sont passés les camions chargés et les carburants ?
Depuis 2021, le pays fait face presque chaque deux à trois mois à une pénurie aiguë de carburant qui dure parfois jusqu’à six ou huit semaines. La pénurie de carburant a souvent de lourdes conséquences. Hôpitaux, télécoms et médias, entreprises, les activités économiques et sociales sont sévèrement impactés, puisque nombre d’établissements et d’entreprises dépendent de génératrices pour assurer leurs besoins en énergie. Sans oublier le prix des produits de première nécessité et ceux des circuits qui grimpent souvent à chaque fois la pénurie survient.
Rappelons que la compagnie publique d’électricité EDH est principalement dotée de centrales thermiques qui fonctionnent au diesel, ce qui sous-entend que le pays risque de plonger dans le noir si la rareté des produits pétroliers persiste.
Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)
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