Société Haïti : un pays agonisant, abandonné par ses proches

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Haïti se meurt mais personne ne s’en soucie, personne ne s’indigne. L’assassinat dimanche du Diacre Sylner Lafaille à l’entrée de la Première Eglise Baptiste de la rue de la Réunion, au Centre-ville de Port-au-Prince, bible en main, une image révoltante d’autant que son épouse, Marie Marthe Lafaille, a été enlevée par ses assassins. Le pays ressemble à un malade à l’agonie abandonné par ses proches, affirme le regard dans le vide, Gérôme (Nom d’emprunt) un jeune étudiant en droit qui vit dans une localité appelée Siloe, à Delmas 33.


Delmas, le 27 septembre 2021. – La situation socio-économique du pays s’est considérablement détériorée ces dernières années. Les citoyens semblent de plus en plus, accepter l’idée que rien ne va s’arranger. Tout va mal, mais tout le monde s’accommode, déplore le juriste en devenir.


Plus de trois mois dans une crise récurrente de carburant. Les citoyens s’en fichent, aucun signe de révolte.

Les cas d’enlèvement contre rançon se multiplient, plus de 5 cas enregistrés en moyenne par jour et les citoyens s’enferment dans le mutisme le plus total.


Le territoire est morcelé, contrôlé par des groupes armés : Les « 400 mawozo » à Croix-des-Bouquets, G9 en Famille et Alliés au Centre-Ville bloquant, depuis le mois de juin, jusqu’à 5 départements, personne ne s’en soucie.


La police n’existe que de nom. Ses agents sont chassés des commissariats (Cité Soleil et Martissant entre autres) ou tués en pleine opération (Village de Dieu). Le président de la République est abattu dans sa propre chambre par un commando mixte (haïtiens et étrangers), personne n’est responsable, personne n’est coupable.


Près de deux ans sans parlement fonctionnel. Le pouvoir judiciaire est édenté, son président décédé du nouveau Coronavirus et les membres élus au Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) depuis trois mois n’ont jamais été investis dans leurs fonctions. Personne ne dit mot.


Les services de base : eau potable, électricité, soins de santé et infrastructures routières font cruellement défaut, mais on s’en moque comme si tout allait bien sous le soleil d’Haïti. Des tonnes de détritus jonchent chaque coin de rue, nul n’est interpellé.


La dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain s’accélère, provoquant la cherté continue du coût de la vie. L’éducation devient un bien de luxe, inaccessible à la majorité des citoyens, on ne se sent pas concerné.


La capacité de résilience de l’haïtien lambda paraît sans limite. Son habilité à s’adapter et à s’accommoder le tue à petit feu, se désole Gérôme, soulignant que face aux bandits armés, les autorités déploient un drapeau blanc. Elles ont abdiqué.


La culture de l’acceptation de l’inexistence de l’Etat menace l’existence même du pays, abandonné par ses fils, errant dans les Caraïbes, ou foulés aux bottes des cowboys texans après un long, périlleux et coûteux pèlerinage du Chili (ou du Brésil) au pays de l’Oncle Sam.


Vant Bèf Info (VBI)