Plus de deux semaines après le sanglant massacre à Warf Jérémie: aucune action n’est entamée par les autorités pour traquer les criminels
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Le massacre de Warf Jérémie, dans la commune de Cité Soleil, a plongé le pays dans l’horreur. Selon un rapport conjoint publié ce lundi 23 décembre 2024, par le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) et le Haut-Commisariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH), au moins 207 personnes ont été tuées entre le 6 et le 11 décembre 2024 par le chef gang Micanor Altès. Ces atrocités, perpétrées principalement sur des personnes âgées accusées de pratiquer le vaudou, ont suscité l’indignation internationale. Ces victimes sont accusées d’avoir causé la mort de l’enfant du chef de gang. Pourtant, plus de deux semaines après les faits, l’impunité semble régner en maître.
Le rapport détaillé des Nations unies révèle l’ampleur de la tragédie. Les victimes ont été traquées, torturées et exécutées de sang froid. Selon le rapport d’enquête du BINUH et HDCH, parmi les autres victimes figurent celles qui ont tenté de fuir la zone par peur de représailles ou qui ont été soupçonnées d’avoir divulgué des informations sur ces crimes odieux aux médias locaux. Les victimes qui résidaient dans cinq zones du quartier de Warf Jérémie ont été exécutées dans une période de 6 jours, indique le rapport du BINUH.
Les auteurs de ces crimes ont tenté d’effacer les traces en brûlant les corps ou les démembrer avant d’être jetés à la mer.
Maria Isabel Salvador, représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies en Haïti, a dénoncé ces actes odieux qui ciblent les plus vulnérables. Elle a appelé la justice haïtienne à agir rapidement et à traduire les responsables en justice. Volker Turk, Haut-Commissaire aux droits de l’homme, a, quant à lui, souligné l’urgence de renforcer les institutions étatiques haïtiennes, affaiblies par la corruption et l’impunité.
Nous ne pouvons pas faire comme si de rien n’était”, souligne la représentante du BINUH. Elle lance également un appel à la justice haïtienne afin de mener une enquête sur ces crimes horribles et a arrêter et punir les auteurs y compris ceux qui les appuient. Elle demande aussi aux autorités d ‘ installer le plus rapidement possible un pôle judiciaire spécialisé pour traquer ce type de crimes.
Malgré les promesses du pouvoir en place , aucune action concrète n’a été entreprise pour arrêter les responsables de ce massacre. Cette inaction est d’autant plus inquiétante que les violences gangstériques se multiplient en Haïti. Selon les Nations unies, plus de 5 350 personnes ont été tuées et plus de 2 155 autres blessées depuis le début de l’année 2024. Cela porte à un total des morts et des blessés a plus de 17 000 depuis 2022.
Selon Volker Turk, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, il est urgent que les autorités haïtiennes prennent des mesures robustes pour renforcer la police et les autres institutions étatiques paralysées par la corruption et l’impunité.
Le massacre de Warf Jérémie met en lumière la crise humanitaire et sécuritaire que traverse Haïti. L’impunité qui règne dans le pays encourage les gangs à commettre des atrocités toujours plus graves. Il est urgent que la communauté internationale apporte un soutien plus fort à Haïti pour l’aider à restaurer l’État de droit et à protéger la population.
Vant Bèf Info (VBI)