Pierre Marie Boisson alerte sur les conséquences du taux de change fixe sur le pouvoir d’achat des Haïtiens
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La politique de stabilisation du taux de change pratiquée par les autorités monétaires haïtiennes, continue de susciter de vives critiques. L’économiste Pierre Marie Boisson a tiré la sonnette d’alarme, dénonçant l’impact négatif de cette mesure sur les 1,8 million d’ Haïtiens dépendant des transferts étrangers. Selon lui, cette politique rigide réduit le pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables, malgré une apparente hausse des montants reçus en dollars.
Port-au-Prince, le 8 janvier 2025 — Lors de son passage à l’émission Panel Magik ce mercredi, M. Boisson a expliqué que la stabilité artificielle du taux de change, non ajustée à l’inflation locale, entraîne une perte de plus de 20 % de la valeur réelle des fonds convertis en gourdes.
Une politique monétaire inadaptée
L’économiste a souligné que la fixation du taux de change sans prendre en compte les fluctuations de l’inflation intérieure crée un déséquilibre économique majeur. « Le taux de change aurait dû être ajusté proportionnellement à l’inflation pour éviter une telle érosion du pouvoir d’achat », a-t-il soutenu.
M. Boisson plaide pour une politique monétaire flexible permettant une évolution naturelle du taux de change. Cette approche, selon lui, protégerait les ménages qui dépendent des envois de fonds en devises, considérés comme une bouée de sauvetage dans une économie en crise.
Une surévaluation du PIB haïtien ?
Pierre Marie Boisson a également remis en question les récentes estimations du Produit ,intérieur brut (PIB) haïtien, jugées irréalistes. « Officiellement, le PIB est estimé à 20 milliards de dollars, soit environ 1 700 dollars par habitant. Mais cette évaluation est fausse », a-t-il affirmé.
Selon lui, le calcul du PIB en dollars américains est biaisé par la politique monétaire actuelle, qui maintient artificiellement le taux de change à un niveau stable. Ce phénomène conduit à une illusion d’amélioration économique, masquant les réelles difficultés des citoyens.
Les transferts étrangers, un filet de sécurité fragilisé
Les transferts de fonds de la diaspora, représentant près de 20 % du PIB, jouent un rôle crucial dans la survie de nombreuses familles haïtiennes. Cependant, l’économiste déplore que la politique de taux de change fixe ait provoqué une dépréciation importante de ces transferts lorsqu’ils sont convertis en gourdes.
Pierre Marie Boisson appelle les autorités à revoir leur stratégie économique pour tenir compte de la réalité inflationniste et éviter de plonger davantage de familles dans la précarité. « Les Haïtiens les plus vulnérables continuent de perdre en pouvoir d’achat, et cette situation doit cesser », a-t-il conclu.
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)