Nou Pap Konplis : « Haïti a besoin d’une nouvelle transition, mais pas avec les mêmes acteurs »

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Quatorze mois après l’installation du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le collectif de la société civile Nou Pap Konplis tire un constat amer : le mécanisme mis en place par l’accord du 3 avril 2024 a échoué sur toute la ligne. Dans une note rendue publique ce mardi, le groupe non signataire de l’accord qualifie le CPT de « gaspillage de temps, d’énergie et d’argent pour le pays ».

Port-au-Prince, 17 juin 2025 — Le collectif dénonce un pays à bout de souffle : plus de 72 % de la population en insécurité alimentaire (IHSI), 1,3 million de déplacés internes (OIM), et plus de 85 % de la capitale sous contrôle de groupes armés. Dans ce contexte, les vols commerciaux restent suspendus depuis plus d’un an, et le Conseil de transition, miné par des conflits internes, demeure incapable de rétablir le cap.
À 235 jours de la date symbolique du 7 février 2026, Nou Pap Konplis considère que l’accord du 3 avril est « révolu ». Le collectif rejette toute tentative de relancer le dialogue autour de cet accord, notamment avec les signataires initiaux et la CARICOM, à qui il retire toute légitimité morale pour résoudre la crise haïtienne. « L’échec du CPT est aussi celui de la CARICOM », soutient la note.
Pour ses membres, le projet de référendum constitutionnel porté par le CPT est à la fois flou et illégitime. « Toutes les initiatives visant à remodeler l’accord du 3 avril sont nulles et non avenues », insiste l’organisation.
En réponse à ce qu’il qualifie de naufrage institutionnel, le collectif propose une nouvelle transition basée sur un accord politique « court, à agenda limité », avec des priorités claires : sécurité, élections crédibles et réforme constitutionnelle. Ce processus devrait, selon eux, se faire sous l’égide de la communauté internationale, notamment l’Organisation des États Américains (OEA).
Mais pas question de confier cette nouvelle transition aux mêmes figures politiques. Le collectif appelle à une gouvernance confiée à des Haïtiens compétents et intègres, issus des secteurs clés de la société : économistes, professionnels de la sécurité, ingénieurs, enseignants, juristes, agronomes… autant de profils à même de penser un redressement national au service de la majorité oubliée.
Vant Bèf Info (VBI)