L’insécurité en Haïti empêche les vivants de « respirer » et les morts de reposer en paix

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Les assauts des bandits armés affectent grandement les entreprises funéraires. Elles font face à des défis majeurs. Les troubles sociaux et les mouvements violents perturbent leurs activités quotidiennes, mettant en péril les services essentiels que les pompes funèbres fournissent à la communauté : aider dans le processus de deuil familial.

Les principaux problèmes auxquels sont confrontées les entreprises funèbres de nos jours sont liés à l’insécurité. Les zones où elles fonctionnent sont souvent le théâtre de violences, de troubles et même d’actes de criminalité. Cela rend le travail des employés dangereux et risqué. Ces perturbations empêchent aux familles d’accéder, sans craintes, aux services funéraires ou de rendre hommage à leurs proches décédés.

Les assauts répétés sur ces zones entraînent également des interruptions dans leur chaîne d’approvisionnement. Les livraisons de fournitures et de matériaux nécessaires pour les funérailles sont soit bloquées, retardées ou même vandalisées. Leur capacité à fournir des services de qualité se voit carrément réduite à néant.

Un fonctionnement au ralenti

Les tensions sociales provoquent une diminution de la demande de services funéraires. L’environnement étant instable et incertain, les familles hésitent à organiser des funérailles coûteuses et s’abstiennent de réaliser des cérémonies publiques. Cela affecte négativement les revenus de ces entreprises, les plaçant dans une position financière précaire.

Intervenir dans des zones rouges, coordonner avec les autorités locales est de plus en plus compliqué. Faire le transport sécurisé des dépouilles et du personnel devient extrêmement difficile, ajoutant à cela des complications opérationnelles et des coûts supplémentaires.

Une seconde mort

Malgré ces défis, elles font preuve de résilience. Elles s’efforcent de répondre aux besoins de la communauté dans des circonstances difficiles, en s’adaptant aux pratiques des bandits. « Il faut payer pour chaque dépouille. Si la famille s’y oppose, ils menacent de la retenir », déclare Dieufète, chauffeur de corbillard depuis 12 ans. « J’ai laissé un proche dans une morgue de la rue Saint Honoré. L’espace devient impraticable. Tous les corps sont en décomposition avancée », témoigne Hubert, parent de la personne décédée.

Les offensives sur les zones logeant les entreprises funéraires affectent leur fonctionnement au quotidien et leur viabilité économique. Il est crucial pour les autorités de reconnaître ce défi. Enterrer ses proches dans la dignité est une étape importante dans tout processus de deuil. Et cela passe par une organisation plus ou moins planifiée et réussie des funérailles d’où l’importance des pompes funèbres qui s’occupent en général du défunt jusqu’au jour de l’inhumation. Voilà qu’aujourd’hui, ce travail se complique voire même est menacé par la violence inouïe des gangs armés qui empêchent aux vivants de respirer et désormais aux morts de reposer en paix.

Belly-Dave Bélizaire Vant Bèf Info (VBI)