Les grands chantiers de la transition selon Renan Hédouville, protecteur du citoyen

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Prenant acte de nomination, suivie de l’installation des membres du Conseil présidentiel de Transition (CPT), le protecteur du citoyen énumère dans une note, les principaux chantiers auxquels il faudra accorder une importance particulière. Il invite la nouvelle équipe en charge du pays, à prendre des mesures « urgentes et efficaces » en vue de rétablir la sécurité et les règles de droit.

Port-au-Prince, le 25 avril 2025. Après leur prestation au palais national, les conseillers présidentiels ont été installés à la Villa d’Accueil. La cérémonie s’est déroulée en présence, entre autres, des membres du corps diplomatique et consulaire, des forces de sécurité (PNH et FAd’H), des représentants du pouvoir judiciaire.

Des anciens présidents et anciens premiers ministres ainsi que le protecteur du citoyen, Renan Hédouville, ont aussi assisté à la cérémonie.

Dans une note, le docteur Renan Hédouville, a évoqué l’aggravation de la crise socio-politique depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse. Une situation qui s’est nettement détériorée depuis le début du mois de février dernier et les manifestations anti-gouvernementales.

La violence des gangs a conduit à l’arrêt des activités au niveau de l’Aéroport International Toussaint Louverture, dans les ports, dans des hôpitaux (pillés et vandalisés), dans des écoles et universités dont certaines ont été pillées alors que d’autres servent de refuges aux déplacés internes fuyant la violence des gangs.

De nombreux chantiers attendent donc les nouveaux dirigeants et le protecteur du citoyen leur fait des recommandations à eux mais également à d’autres acteurs.

Le devoir de redresser la situation

Ce sont les nouvelles autorités politiques du pays qui auront la mission de redresser la situation. Aussi, le protecteur du citoyen leur demande de faciliter la reprise des activités au niveau de l’Aéroport international Toussaint Louverture. Cela, dit-il, permettra d’épargner Haïti d’un éventuel isolement sur la carte du monde.

Il leur demande de créer une commission de vérité et de justice. Elle aura à enquêter sur les violations des droits humains et des crimes spectaculaires. Me Hédouville cite, comme exemple, les assassinats du Président Jovenel Moïse et du bâtonnier Monferrier Dorval.

Le Dr Hédouville réclame aussi une enquête sur les évasions au pénitencier national et à la prison civile de Croix-des-Bouquets. Cela permettra de fixer les responsabilités, d’engager des poursuites ou des sanctions contre des responsables fautifs. On pourra aussi lancer des avis de recherche à l’encontre des évadés qui sont, en grande partie, de violeurs, de criminels, d’escrocs. Ils constituent un véritable danger pour la sécurité publique, soutient le protecteur dans sa note.

Il plaide en faveur des mesures visant à atténuer les souffrances des citoyens dont les milliers de déplacés internes. Les autorités doivent être à l’écoute des acteurs politiques ou des protagonistes dans une perspective d’apaiser la tension sur le plan politique.

Il faut placer la question des droits de l’homme, au centre de la période de transition, devant aboutir à l’installation des nouveaux dirigeants issus d’élections libres, inclusives et démocratiques.

Le rôle des politiques et des autorités judiciaires

Le protecteur du citoyen leur demande de prioriser les intérêts supérieurs de la nation. Ils doivent rejeter la violence notamment durant la période électorale.

Renan Hédouville évoque la nécessité de créer des pôles judiciaires spécialisés compétents. Ces derniers serviront à traiter les dossiers des crimes financiers, de violences sexuelles, et de bien d’autres affaires impliquant de graves violations de droits humains et crimes spectaculaires.

Il évoque, en ce sens l’assassinat, le 7 février, des cinq (5) membres de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP). Il cite aussi le dossier des journalistes tués ou agressés brutalement dans l’exercice de leur profession. Dans ce chapitre, il cite les cas de Garry Tesse, Romelson Vilcin, Jean Marc Jean, Lemy Brutus, Stenley Belford et Imozan Wilbord.

Me Hédouville cite aussi les agressions cruelles et criminelles exercées sur des femmes et des filles. Dans ce chapitre, il évoque notamment le cas de Micheline Dort, enlevée et tuée de deux balles dans son vagin par le chef de gang de Savie, Luckson Élan, face à son refus de se faire violer.

Il plaide pour le recadrage du processus de certification des magistrats tout en garantissant les voies de recours conformément aux principes universels en matière des droits de l’homme.

Quid des organisations de la société civile, des étudiants et des écoliers

Renan Hédouville soutient qu’elles doivent renforcer leur cohésion pour mieux présenter aux instances concernées les cahiers de doléances, des différents secteurs de la vie nationale.

Il demande le renforcement des structures d’enquêtes et d’assistance aux victimes de violations de droits humains. Il appelle à l’intensification des activités d’éducation aux droits humains dans une approche fondée sur la paix, la participation citoyenne et la résolution pacifique des conflits.

Les étudiants et les écoliers doivent s’accrocher à l’éducation comme la vraie alternative en matière de progrès et de développement économique. Ils doivent aussi rester pleinement engagés dans la lutte pour le changement et le progrès en Haïti.

Cela peut se faire, soutient-il, à travers l’implication dans une campagne pour une culture de la paix, de la tolérance, la bonne gouvernance, le respect des droits humains, avec l’idée que seuls les jeunes, assistés des ainés sérieux et compétents peuvent changer l’ordre des choses pour permettre à notre pays de connaître un développement endogène où la démocratie, le respect de la souveraineté, la lutte contre la corruption, la primauté du droit, deviendront les règles du jeu à l’instar des pays de plusieurs régions de la planète, dirigés par des jeunes qui ont combattu courageusement la gérontocratie, la marginalisation des jeunes et la gabegie administrative.

La contribution de la communauté internationale

Le protecteur du citoyen demande à la communauté internationale impliquée dans la crise en Haïti d’appuyer, de manière concrète, les nouvelles autorités politiques dans la lutte pour la restauration de la sécurité face aux exactions des bandes criminelles dans le pays.

Il lui demande aussi de renforcer l’appui technique et financier accordé aux institutions et organisations évoluant dans le domaine du monitoring des cas de violations des droits humains.

Me Hédouville l’appelle à contribuer à la création des pôles judiciaires spécialisés à travers un programme d’entraide judiciaire aux fins de combattre la criminalité transnationale. Il leur demande de soutenir la mise en place d’une Commission nationale de Vérité et de Justice avec pour mandat d’enquêter sur les crimes commis et les violations de droits humains.

L’OPC réaffirme sa volonté à « veiller au respect par l’État de ses engagements en matière des droits humains notamment ceux contractés au niveau régional et international ». Il dit souhaiter que les actions de la nouvelle équipe dirigeante s’articulent autour des mesures urgentes et efficaces pour le rétablissement de la sécurité et des règles de droit.

Vant Bèf Info (VBI)