Les anciens Premiers ministres haïtiens dénoncent une dérive antidémocratique

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Dans une déclaration rendue publique le 9 juin, le Forum des Anciens Premiers Ministres d’Haïti (FAPM) s’élève contre les sanctions unilatérales imposées à plusieurs citoyens haïtiens, dénonçant une absence de preuves et de procédures équitables. Les anciens chefs de gouvernement jugent ces mesures arbitraires et appellent à un dialogue diplomatique structuré, fondé sur les principes de justice, de transparence et de souveraineté nationale.

Port-au-Prince, 10 juin 2025 –
S’appuyant sur le droit international, le Forum remet en question la légalité et l’impact de cette vague de sanctions, notamment celles imposées par le Canada, les États-Unis, la France et d’autres membres de l’Union européenne. Selon les signataires, ces États ont, dans bien des cas, agi en dehors du cadre défini par la résolution 2653 du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée en octobre 2022.
Cette résolution, approuvée à l’unanimité, visait à sanctionner les auteurs de violences, de financement de gangs et de violations graves des droits humains en Haïti. Elle prévoyait également un mécanisme de recours, via un point focal onusien, pour garantir un minimum de transparence. Or, dans les mois qui ont suivi, plusieurs États ont élargi cette initiative en appliquant des sanctions autonomes, sans recours clair ni publication des éléments à charge.
Le Canada, en particulier, a invoqué sa Loi sur les mesures économiques spéciales pour sanctionner plus de trente ressortissants haïtiens. Pour le FAPM, l’absence de divulgation de preuves et de droit de réponse constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux.
« La légitimité morale de la lutte contre l’impunité ne saurait justifier la suspension des droits fondamentaux », affirme le Forum, dénonçant une logique d’ostracisation qui, selon lui, menace les principes démocratiques.
En clair, les anciens Premiers ministres demandent un réexamen des sanctions en vigueur et appellent à la création d’une commission indépendante et mixte, réunissant des représentants haïtiens et internationaux. Ils réclament également la suspension temporaire des sanctions pour lesquelles aucune preuve publiquement accessible n’a été présentée, ainsi que la mise en place d’un organe national de suivi, garant d’un traitement plus transparent et équitable.
Le Forum conclut en réaffirmant que la lutte contre l’impunité ne peut se faire au détriment de la justice. Il appelle à une coopération internationale fondée sur le respect du droit, de la dignité humaine et de la souveraineté des nations.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)