Le Professeur Antoine Nérilus décortique le rêve américain et ses portées internationales
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Suite à notre article « Le rêve américain : une aspiration universelle », nous avons initié une série d’interviews pour permettre au public d’avoir l’avis d’experts et de professionnels dans différents domaines sur ce concept. Le Professeur Antoine Nérilus, spécialiste en gouvernance de l’État et doctorant en sciences politiques et relations internationales, nous livre sa vision du rêve américain. « VBI » pour Vant Bèf Info et « AN » pour Antoine Nérilus.
Port-au-Prince, le 8 juillet 2024.-
VBI: Comment le rêve américain influence-t-il la politique étrangère des États-Unis ?
AN: La politique étrangère des États-Unis est façonnée par des think tanks américains dont la pensée dépasse les mandats présidentiels. Ces élites planifient non seulement la vie des Américains mais aussi un avenir pour ceux qui souhaitent vivre le rêve américain, symbolisé par un idéal de bien-être et de justice sociale. Ainsi, la politique étrangère américaine se présente comme une offre d’espoir et de justice sociale inclusive pour ceux qui cherchent à réaliser ce rêve.
VBI: En quoi le rêve américain contribue-t-il à l’image des États-Unis dans le monde ?
AN: Les États-Unis sont souvent perçus comme la terre promise, un paradis terrestre où les opportunités sont abondantes. Cette perception fait du rêve américain un symbole puissant qui attire ceux cherchant à améliorer leur situation économique et sociale. Par conséquent, le rêve américain rehausse l’image des États-Unis dans l’esprit des aspirants à une vie meilleure.
VBI: Pensez-vous que le rêve américain est perçu différemment dans diverses régions du monde ? Si oui, comment ?
AN: La perception du rêve américain varie en fonction des contextes économiques des pays d’origine. Pour un Européen, les avantages du rêve américain peuvent sembler ordinaires, voire insignifiants, tandis qu’ils représentent un espoir de survie et de prospérité pour un ressortissant du Tiers-Monde ou d’un pays africain. Le degré de vulnérabilité économique influence donc grandement la perception du rêve américain.
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VBI: Quelle est l’importance du rêve américain dans la diplomatie culturelle des États-Unis ?
AN: La diplomatie culturelle des États-Unis s’est adaptée pour permettre à un plus grand nombre de personnes de bénéficier du rêve américain. Depuis les années 80, l’afflux de migrants vers les États-Unis a intensifié ce phénomène. L’État américain a créé des ouvertures pour accueillir des immigrants de divers horizons, réduisant ainsi la pression migratoire et renforçant la diplomatie culturelle du pays.
VBI: Comment les politiques d’immigration des États-Unis affectent-elles la perception et la réalisation du rêve américain pour les immigrants ?
AN: Les politiques migratoires des États-Unis créent un jeu gagnant-gagnant en offrant des opportunités aux immigrants tout en bénéficiant des taxes qu’ils génèrent. Le rêve américain est accessible à ceux qui savent saisir ces opportunités, malgré les défis et les avantages inhérents au système.
VBI: Le concept du rêve américain a-t-il des équivalents ou des parallèles dans d’autres cultures ou nations ?
AN: À la fin des années 50, l’Italie parlait de la Dolce Vita, mais ce concept diffère du rêve américain qui repose sur une politique économique libérale et inclusive. La Dolce Vita a depuis évolué et s’est éloignée de l’idée d’un rêve national semblable au rêve américain.
VBI: Selon vous, quelles sont les principales critiques du rêve américain à l’échelle internationale et comment les États-Unis y répondent-ils ?
AN: Les critiques du rêve américain sont nombreuses, pointant notamment la gestion stricte du temps et le stress lié au mode de vie capitaliste. Des expressions comme « Time is Money » sont souvent citées pour illustrer les tensions sociales et familiales. Cependant, les États-Unis continuent de promouvoir les aspects positifs de ce rêve, tout en cherchant à atténuer les critiques par des réformes et des initiatives sociales.
Deslande Aristilde
Vant Bèf Info (VBI)
Merci de l’opportunité que vous m’aviez accordée en vue de m’exprimer mes pensées sur ce sujet.