La situation des gangs armés en Haïti : une menace croissante pour la sécurité nationale

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Haïti fait face à une crise de sécurité alarmante, avec environ 200 gangs actifs sur son territoire, selon un rapport du Groupe d’experts de l’ONU. Cependant, tous les groupes de personnes ne sont pas considérés comme des gangs, précise le rapport. Les plus grandes concentrations de gangs armés se trouvent dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, où 23 principaux gangs opèrent, regroupés en deux coalitions principales.

Port-au-Prince , le 21 octobre 2023.- Le financement des gangs en Haïti est principalement assuré par les enlèvements contre rançon, qui ont récemment atteint des niveaux sans précédent, indique le rapport. Bien que de nombreux cas ne soient pas signalés, le Groupe d’experts a enregistré pas moins de 2 441 enlèvements entre janvier 2022 et juin 2023.

Le montant des rançons varie considérablement en fonction du profil des victimes, allant de 7 000 à 500 000 dollars pour des cibles étrangères et des personnalités importantes. Les gangs tirent également des revenus importants de l’extorsion, des vols et des enlèvements de passagers, de véhicules de transport et de véhicules privés qui circulent sur les routes nationales, souligne le rapport.

Les camions de fret sont particulièrement visés en raison de la valeur des marchandises qu’ils transportent, telles que le carburant ou les articles manufacturés. Les gangs perçoivent des frais d’extorsion allant de 1 000 à 3 000 dollars pour chaque camion détourné, en fonction de sa taille et de la valeur de sa cargaison. Des opérations d’extorsion similaires sont menées le long de la route N2 à Martissant par les gangs du 5 Segond, du Grand Ravine et du Ti Bois.

La dynamique de bande en Haïti est complexe, avec deux coalitions principales, le G9 dirigé par Barbecue et la coalition G-Pèp dirigée par Gabriel Jean-Pierre, collaborant tout en formant des alliances opportunistes avec d’autres groupes indépendants. Les gangs exercent un contrôle absolu sur leurs fiefs, menaçant et prenant en otage les membres de leurs propres communautés, tout en exigeant des rançons auprès des entreprises locales. Des murs de protection, appelés « VAR », sont érigés pour renforcer leur emprise sur le territoire.

Environ 80% de la zone métropolitaine de Port-au-Prince est sous le contrôle direct ou l’influence des gangs, tandis que les 20% restants subissent les incursions de gangs cherchant à commettre des enlèvements, des vols, des meurtres et d’autres crimes, conclut le rapport.

La situation des gangs armés en Haïti représente une menace croissante pour la sécurité nationale et exige une réponse urgente de la part des autorités haïtiennes et de la communauté internationale. La lutte contre l’insécurité et la criminalité organisée est essentielle pour restaurer la paix et la stabilité dans le pays.

Yves Manuel

Vant Bèf Info ( VBI)