Justice:Gel des avoirs des sanctionnés par l’ONU : la justice haïtienne mobilise les mécanismes internationaux

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Dans une initiative inédite saluée comme un tournant judiciaire dans la lutte contre la criminalité transnationale, le commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Frantz Monclair, a annoncé le gel des avoirs de plusieurs ressortissants haïtiens sanctionnés par les Nations Unies.

Port-au-Prince, 10 juin 2025 —
Lors d’un point de presse tenu ce mardi, M. Monclair a confirmé que cette mesure, entrée en vigueur le 2 juin par acte d’huissier, vise six chefs de gangs notoires ainsi qu’un ancien parlementaire impliqué dans le trafic d’armes. Elle s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2653 du Conseil de sécurité de l’ONU et du décret haïtien du 30 avril 2023 relatif à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Une initiative portée par le pouvoir exécutif
L’action du parquet fait suite à une directive formelle du ministre de la Justice, Me Patrick Pélissier, datée du 12 mai, renforcée par une correspondance présidentielle du 29 avril appelant les autorités judiciaires à passer à l’action contre les individus identifiés par la communauté internationale comme instigateurs de l’insécurité en Haïti.
Ouverture d’enquêtes judiciaires et financières
Au-delà de la mesure conservatoire, le commissaire Monclair a annoncé l’ouverture d’enquêtes visant les présumés complices de ces figures criminelles. L’Unité Centrale de Renseignements Financiers (UCREF) et l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) ont été officiellement saisies le 6 juin afin de mener des investigations approfondies sur les réseaux de financement illicite.
« Cette mesure conservatoire est une première étape dans une stratégie plus large de démantèlement des réseaux criminels organisés », a déclaré le magistrat, assurant que le parquet poursuivra « tous ceux qui ont commis des crimes contre la population haïtienne ».
Coopération internationale en attente
S’agissant des sanctions prononcées par des gouvernements étrangers notamment le Canada, les États-Unis et la République dominicaine le parquet de la capitale haïtienne attend encore la transmission officielle des dossiers. Des demandes d’entraide judiciaire ont été envoyées via le ministère des Affaires étrangères, mais les réponses se font attendre.
« Nous avons besoin de la coopération diplomatique pour avancer dans ces dossiers sensibles. Une fois les documents transmis, nous pourrons élargir le champ de nos actions judiciaires », a précisé Frantz Monclair.
Les personnes visées
Sept personnalités sont directement visées par les sanctions de l’ONU :
Jimmy Chérizier, alias Barbecue, chef de la coalition G9 et du groupe Viv Ansanm
Johnson André, chef du gang 5 Segond
Renel Destina, chef du gang Grand Ravine
Wilson Joseph, chef du gang 400 Mawozo
Vitelhomme Innocent, chef du gang Kraze Barye
Luckson Elan, chef du gang Gran Grif
Prophane Victor, ancien parlementaire accusé de trafic d’armes
En revanche, d’autres individus sanctionnés par des puissances étrangères , parmi lesquels d’anciens chefs d’État, ex-ministres, hommes d’affaires et figures politiques échappent encore à toute procédure judiciaire en l’absence de documents officiels transmis aux autorités haïtiennes.
Un tournant ou un simple effet d’annonce ?
Cette décision marque un signal fort envoyé à la communauté internationale : les autorités haïtiennes entendent désormais aligner leur action judiciaire sur les standards internationaux de lutte contre la criminalité organisée. Mais dans un contexte d’insécurité persistante, d’instabilité politique et de fragilité institutionnelle, la pérennité de cette volonté reste néanmoins incertaine.
Selon plus d’un ces personnes citées sont des exécutants ou l’expression visible de la violence armée en Haïti. Ou sont alors les cerveaux ? Ils sont peut être exemptés ,parce qu’ils sont tout simplement des intouchables.
Judelor Louis Charles
VANT BÈF INFO (VBI)