Haïti : Qui est derrière le blocage du processus  d’une intervention militaire  ?

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Plus d’un attend depuis octobre  l’arrivée d’une force  militaire internationale  en Haiti pour aider la police nationale à affronter les gangs armés qui étendent de plus en plus leur tentacule dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et du coup font régner leur loi. Près de quatre mois après que  gouvernement haïtien ait  officiellement  fait la demande d’une intervention étrangère, aucun  pays des quinze membres des Nations Unies  n’ont voulu en prendre une telle initiative.

Port-au-Prince, le 25 janvier 2023.-Lors de la dernière réunion du conseil de sécurité sur Haïti, les États-Unis et le Canada ont souligné la nécessité de soutenir cette nation des Caraïbes et ont montré leur volonté d’aider, mais ils n’ont rien dit de concret sur leur rôle éventuel dans cette mission. Sans Langue de bois, le représentant permanent d’Haiti auprès des Nations Unies, Anthonio Rodrigue lors de son intervention à la réunion du  conseil de sécurité de l’ONU sur Haiti, a  indiqué  que le pays ne peut plus attendre qu’une force armée internationale y soit envoyée pour combattre les gangs armés. 

Hélène La Lime, l’envoyée spéciale de l’ONU en Haïti,  a abondé dans le même sens. « La réalité est que, sans cette force de déploiement internationale, qui travaillera de concert avec la Police nationale haïtienne, l’impact positif du processus politique et des sanctions restera fragile et menacé de régression. Le peuple haïtien réclame cette aide pour pouvoir poursuivre sa vie quotidienne en paix », a déclaré l’envoyée  de l’ONU.

Les Nations Unies ont   salué  l’accord consensuel signé le 21 décembre, qui prévoit des élections pour février 2024, ou un soutien à la formation et à l’équipement de la police haïtienne. Elles  soutiennent également l’appel du gouvernement haïtien en faveur d’une force internationale armée.

Mais qu’est qui bloque le processus ?

Depuis trois mois, le Conseil est resté silencieux sur le sujet, aucun des quinze membres n’ayant voulu prendre l’initiative de dépêcher une telle mission en Haiti. La Chine et la Russie sont assez critiques à ce sujet, Moscou a fortement douté qu’elle puisse changer fondamentalement la situation.

Les États-Unis et le Canada ont poussé à des pourparlers sur cette question, mais jusqu’à présent, ils n’ont montré aucune intention de diriger l’opération, selon des  sources diplomatiques.

Cette opération a été soutenue par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui a proposé de créer une  force d’action rapide  composée de militaires d’un ou plusieurs pays et non sous le drapeau de l’ONU. Cependant, le projet pour l’instant ne s’est pas cristallisé en l’absence d’un État disposé à le diriger, selon ces mêmes sources.

L’ONU pointée du doigt

Nombreux sont qui indexent l’organisation des Nations Unies dans l’état léthargique dans lequel se trouve le pays. La République dominicaine par l’entremise de son  ministre des Affaires étrangères, Roberto Álvarez, a mis en accusation mardi à l’ONU l’inaction internationale face à la crise en Haïti et a de nouveau appelé à l’envoi urgent d’une force armée pour aider à lutter contre les bandes armées dans le pays. Cette force internationale est  la principale revendication  des autorités haïtiennes et a été approuvée par le chef des Nations Unies, António Guterres, mais  reste toujours sans feuille de route, a rappelé le diplomate dominicain.

Spirale de l’anarchie

Haïti est aux prises avec une violence endémique des gangs depuis des années, mais le pays est entré dans une spirale d’anarchie après l’assassinat du président  Jovenel Moïse en 2021.

Des gangs puissants ont profité du chaos politique et du mécontentement à l’égard du gouvernement actuel dirigé par le Premier ministre Ariel Henry pour consolider davantage leur contrôle.

Le gouvernement n’a pas réussi à atténuer la violence, forçant de nombreuses personnes à fuir leur foyer. Les nouvelles de viols, d’enlèvements et d’embuscades de la police sont devenues la nouvelle norme.

Selon les données compilées par l’ONU, la violence des gangs en Haïti a atteint des niveaux jamais vus depuis des décennies en 2022, avec une forte augmentation des homicides, pour atteindre un total de 2 183, et 1 359 enlèvements, soit plus du double de l’année précédente.

Dans l’état actuel des choses , il est difficile de répondre avec exactitude à la question de savoir pourquoi la communauté internationale hésite encore à répondre favorablement à la demande des autorités haïtiennes relative à l’envoi d’une force militaire dans le pays en appui à la police nationale dans sa lutte visant à éradiquer le phénomène de l’insécurité. Mépris de la part des pays amis , manque de volonté, conflits géopolitiques , hésitations , tergiversations, voilà autant de tentatives de réponses à cette épineuse question. Cenpendant les Haïtiens doivent s’unir et faire preuve d’abnégation afin de trouver une issue à la crise.

Manuel Yves

Vant Bef Info ( VBI)