Haïti : plus de 30 commissariats sous le contrôle des gangs, l’État dans l’incapacité d’agir

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La montée en puissance des gangs en Haïti n’est plus un secret. Ce qui l’est en revanche, c’est l’inaction de l’État face à cette situation qui ne cesse d’empirer. Par négligence et par manque de volonté, les autorités ont laissé s’effondrer la police, l’une des dernières structures censées garantir la sécurité des citoyens. Aujourd’hui, plus de 30 commissariats et antennes de police sont sous le contrôle total des gangs armés, sans qu’aucune opération d’envergure ne soit menée pour les récupérer. Ce spectacle de désolation se déroule sous les yeux d’un État qui choisit d’observer plutôt que d’agir.

Port-au-Prince, le 21 mars 2025._Plusieurs commissariats ont été pris d’assaut par les gangs. Celui de Martissant est totalement sous le contrôle des criminels. Le Bicentenaire est devenu un territoire dominé par la violence. La Saline a vu ses forces de l’ordre fuir face à l’armement supérieur des gangs.
Les commissariats de Portail Saint-Joseph, Portail Léogâne et Marché Salomon, situés en plein cœur de la ville, ne sont plus opérationnels. Le commissariat de Circulation, chargé de réguler le trafic dans la capitale, est également tombé. Dans la vaste commune de Cité Soleil, les deux principaux commissariats ont été abandonnés, laissant ce quartier, déjà vulnérable, sous le contrôle total des gangs.
Des commissariats désertés dans la plaine du Cul-de-Sac et au nord de Port-au-Prince
Dans cette zone reliant la capitale aux villes du Nord, plusieurs commissariats ont été contraints d’évacuer. Duvivier et Route Neuf, situés à proximité du port et de l’aéroport, ont été pris par les criminels. Les commissariats de Cazeau et Bon Repos, qui étaient des points de contrôle majeurs pour surveiller les entrées et sorties de Port-au-Prince, sont eux aussi sous l’emprise des gangs.
Les deux commissariats de la commune de Croix-des-Bouquets sont tombés, aggravant le climat de terreur qui y règne. À Canaan, la police a abandonné son poste, laissant le champ libre aux criminels. La situation est similaire à Limane Casimir, où les forces de l’ordre ont dû battre en retraite.
Delmas 3, l’un des postes clés de la commune de Delmas, est désormais sous influence criminelle. Pernier, un quartier entre Pétion-Ville et Tabarre, a également perdu son commissariat, ce qui facilite les attaques vers les quartiers résidentiels de la capitale. D’autres commissariats, comme Grantier et Tomazo, situés à Tabarre, ont été abandonnés.
L’emprise des gangs ne se limite plus à Port-au-Prince. À Source Matelas et Cabaret, sur la route nationale #1, les commissariats sont tombés. Des points importants du pays sont désormais exposés à une insécurité sans précédent. L’avenue Christophe Chanel est sous la menace constante des gangs.
L’État, spectateur de sa propre faillite
L’occupation des commissariats par les gangs ne relève pas d’un fait isolé. Ce processus s’est construit sur l’incompétence et l’indifférence des dirigeants successifs. La police, sous-équipée et abandonnée par l’État, n’a plus les moyens de mener une riposte efficace. Le constat est brutal : les gangs sont mieux armés, mieux organisés et plus déterminés que les forces de l’ordre censées les combattre.
Pire encore, cette déroute sécuritaire ne concerne pas uniquement les commissariats. Au moins 50 autres bâtiments publics ont également été délogés sous la menace des gangs, parmi lesquels des hôpitaux, des écoles et des tribunaux. En d’autres termes, l’État ne perd pas seulement des commissariats, il perd aussi ses institutions essentielles, accélérant ainsi son propre effondrement. Une question demeure essentielle : qui est le véritable responsable ?
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)
Tèt chaje ti mesye yo ap ouvè kò yo nan Peyi-a….